Je suis comme tout le monde. J’ai initialement dédaigné ces rendez-vous formels réguliers avec mes managers. Je n’y ai pas dit grand chose, voire ai cherché à les éviter.
On ne m’avait pas appris et je le regrette. Beaucoup de managers n’ont malheureusement pas appris non plus et ne guident pas dans la bonne direction.
J’ai mis du temps mais j’ai compris. Aujourd’hui c’est un outil majeur dans la réduction de mon stress et dans l’efficacité de mon travail. C’est souvent l’heure la mieux investie de ma semaine. Oui, rien que ça.
« Retirer du stress, un point hebdomadaire avec ton manager, vraiment ?
Le stress ça me parle. Je suis un hyper anxieux maladif, du genre à pouvoir prendre une crise de panique simplement en devant acheter un produit vaisselle au supermaché, à me demander si je dois prendre celui de gauche ou de droite, si le parfum ne va pas se révéler une mauvaise idée, si prendre le grand format ne va pas être plus difficile à manipuler mais si prendre le petit n’est quand même pas une mauvaise idée du point de vue emballage, et puis il y a le prix, et… Vous n’imaginez même pas. Quand je parle de crise de panique pour le choix d’un produit vaisselle, c’est à prendre littéralement.
Le stress c’est essentiellement chez moi une anticipation du futur, de ce qu’il se passera, et beaucoup de ce que les autres penseront.
Dès qu’on a partagé quelque chose, il n’y a plus de questions à se poser sur ce que le chef en pensera. Mieux : Si on partage en avance de phase, on peut prendre les commentaires assez tôt pour améliorer l’issue.
« Bon, c’est quoi ce que tu préconises ?
Se voir très fréquemment, toutes les semaines en ne manquant jamais plus d’un rendez-vous à la suite.
Tout noter dans un espace partagé. Préparer le compte-rendu complet à l’avance (on annotera en séance). Idéalement commencer à y jeter au fur et à mesure de la semaine les points qu’on voudra aborder pour ne pas les oublier quand on en est à préparer le rendez-vous.
Y inscrire tout ce qui se passe dans la semaine, les décisions, les impressions, les travaux, les décisions, les métriques, les problèmes. Surtout ne rien laisser de côté, surtout pas ce qui gêne ou ce qui pourrait donner un sentiment négatif.
Parler essentiellement du présent et le futur, pas du passé. Parler du passé c’est évaluer ce qui a été fait et pointer du doigt. Parler du futur c’est regarder ce qu’on peut faire avec la situation d’aujourd’hui, bonne ou mauvaise. On parle de ce qu’on projette, pourquoi, avec les alternatives qu’on a écarté et pourquoi.
Il ne s’agit pas de demander validation mais d’informer sur ce qu’on projette, charge à l’autre de dire stop s’il y voit un problème. Ça élimine toute critique du passé vu que tout a déjà été partagé avant de le faire. À la place on passe en collaboratif sur les plans à venir, et ça améliore les actions comme les résultats.
Y ajouter les sujet sur lesquels on a besoin d’aide, ou de confirmation. Me forcer à demander de l’aide ou de la réflexion commune m’a beaucoup aidé, à la fois moi personnellement, mais aussi à créer une relation plus collaborative.
Point bonus, même si ce n’est pas l’objectif, ça m’a permis de vraiment prendre mon rôle et avoir un impact, en me positionnant comme maître de mon travail et en donnant confiance à mes managers.
Tout ça n’est pas simple, mais ça a vraiment changé mon travail professionnel et je regrette tellement à la fois de ne pas l’avoir appris ou compris plus tôt, et de ne pas avoir eu des managers qui fonctionnaient eux-même sur ce principe (ou qui ne me l’ont pas enseigné).
Maintenant c’est mon tour d’essayer de donner ce que je n’ai pas eu. Je ne sais pas encore comment mais je suis en train de réfléchir à une première grille d’auto-évaluation qui montre les attentes.
Je le vois comme deux axes à 10 paliers chacun, et la valeur qu’on en retire dépend de la surface totale.
Je place la forme sur le premier axe :
- Tout est informel, on se voit peu
- On se voit formellement de façon régulière
- Je suis à l’heure et n’évite pas le rendez-vous
- Je prépare le rendez-vous de mon côté et sais quoi dire
- Des notes communes sont prises à chaque rendez-vous
- J’inscris à l’avance mes sujets sur le document du jour
- Je rédige à l’avance tout le compte rendu, qui sera amendé ensemble
- Je donne des liens vers tous les documents nécessaire
- Je différencie ce qui est pour information, pour décision, et pour discussion
- Le document du rendez-vous suivant est construit au fur et à mesure de la semaine
- Il y a des échanges asynchrones à l’avance pour rendre les points efficaces
Et le fond sur le second axe :
- Je dis que tout va bien, peu importe comment ça va
- Je répond aux questions sur la défensive, en évitant ce qui me gêne
- Je dis comment ça va, y compris quand ça ne va pas
- Je réponds aux questions honnêtement sans rien cacher
- J’expose de moi-même mes problèmes quand j’en ai
- J’expose les décisions prises, les découvertes, l’état et l’avancement des travaux
- Je demande ce dont j’ai besoin quand j’en ai besoin ou envie
- J’expose mes conclusions et mes recommandations
- J’avance moi-même les solutions et décisions, à valider avant d’agir
- J’expose tout ce qui m’a permis d’arriver à ces solutions, ce que j’ai écarté et pourquoi
- J’anticipe les questions, besoins, risques et problèmes, et j’expose d’avance les réponses
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