Au-delà de la caricature de l’image, il y a quelque chose d’intéressant là dedans.
J’ai suivi une filière scientifique, j’exerce un métier technique. Je devrais considérer mon enseignement de façon forte mais avec le recul ce ne sont pas les math, la physique ou globalement les sciences qui m’ont marquées.
Ce qui m’a beaucoup servi c’est la communication, la philo, les bases de l’économie, le français, l’anglais, l’éducation civique sur nos institutions. De la filière scientifique, outre les fondamentaux de collège, j’attache beaucoup d’importance à la compréhension de ce qu’est la démarche scientifique et expérimentale ainsi qu’à la compréhension des statistiques et des pièges associés.
Tout ça m’a servi pour comprendre le monde, y participer, y être indépendant, et apprendre ce qui m’a manqué. Ça a eu infiniment plus de valeur que de savoir faire une intégrale ou un calcul matriciel. Mis à part le français et l’anglais, c’était pourtant tout considéré comme des disciplines accessoires, voire inutiles.
Rétrospectivement je regrette de ne pas avoir prêté plus d’attention à l’histoire pendant mes années collège et lycées. J’échangerais avec peu d’hésitation une grande partie de ce que j’ai appris en math, physique et svt contre de la communication, du droit, le fonctionnement de nos institutions, des bases politiques, de l’analyse des média, de la philo, de la dynamique de groupe, quelques bases d’économie, quelques bases de négociation, de la socio et du développement personnel.
Même pour exercer mon métier technique, ça aurait eu beaucoup plus de valeur.
Si j’osais j’ajouterais même des bases pratiques sur nos administrations et services (type caf, sécu, fiscalité, légifrance, etc.) ainsi que des travaux manuels type plomberie, travail du bois, mécanique, électricité, etc. J’ai eu une partie manuelle pendant mes classes préparatoires math sup et spé (tour à métaux et soudure à l’arc) mais ce fut tard et très spécialisé.
Ça fait beaucoup et il n’est évidemment pas question d’abandonner le 7×8 ni aucun des fondamentaux (bon, par contre je ne suis pas certain que savoir ce que H2O signifie en fait vraiment partie). Il y a plein de compromis à faire, pas assez d’heures, déjà trop de temps scolaire. Je réfléchis à haute voix mais n’ai pas la prétention de dire ce que doit être le programme scolaire en détail.
Un autre point est que je valorise justement beaucoup ce sur quoi je n’ai pas eu d’évaluation.
J’ai réfléchi en philo quand on a eu des cours d’épistémologie en école d’ingénieur, peut-être parce que je l’ai abordé autrement que scolairement dans une optique d’examen.
J’ai vraiment commencé à pouvoir pratiquer l’anglais dans les études supérieures, quand la prof avait pour objectif de nous faire nous exprimer et échanger plutôt que noter ma compréhension de telle ou telle règle, de telle ou telle formule, de tel ou tel vocabulaire.
J’ai osé parlé quand on m’a montré que la communication c’était aussi quelque chose qui s’apprend et qui s’exerce et pas uniquement une question de caractère.
J’ai apprécié les sciences éco et l’instruction civique parce qu’il n’y avait littéralement aucun enjeu scolaire pour moi dans ces matières et j’ai écouté plutôt que cherché à réussir.
J’ai compris des choses sur les groupes et j’ai profité de ces mêmes groupes quand j’ai été mis dans un contexte où il fallait collaborer sans interdiction de copier et sans chercher une évaluation individuelle.
J’ai été pertinent quand on m’a autorisé à faire des recherches, à collaborer, à lire, à comprendre, à me renseigner, plutôt à vérifier si j’avais bien appris ma leçon.
Là dessus je ne sais pas comment ça se passe dans les autres pays mais il y a vraiment un truc cassé dans notre système scolaire jusqu’à BAC ou BAC+2.
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