Je suis concerné par l’enfant africain qui crève de faim, l’ouvrier chinois qui est s’épuise en usine, le SDF qui a froid dehors, les personnes âgées délaissées, la personne en face de mon immeuble discriminée par son origine, sa couleur de peau ou sa religion, et plein d’autres trucs parfois franchement mineurs à côté de tout ça.
Je ne suis pourtant ni enfant, ni africain, ni chinois, ni ouvrier, ni SDF, ni âgé, et je suis homme blanc européen sans religion. Bref, j’ai quand même la vie facile.
J’appartiens simplement à une société et à un monde que nous créons en commun. Ses équilibres, la souffrance qu’il peut générer, ce que nous réservons pour le futur et pour autrui me concernent parce que d’une manière ou d’une autre j’y contribue, ne serait-ce que par mon inaction. C’est une des facettes de ma citoyenneté et de mon appartenance à une société, à un niveau local comme au niveau le plus global.
Quand vous me dîtes que ça ne me concerne pas, vous m’insultez. Vous insultez ou niez ce en quoi je crois, mon intérêt pour mon prochain, ma volonté de rejeter l’égocentrisme et l’égoïsme naturel.
La question est de savoir jusqu’où aller, différencier ce qui concerne la société – et donc me concerne personnellement en tant que citoyen – de ce qui est purement privé.
Franchement, c’est loin d’être simple. Vous trouverez des chefs d’entreprise pour considérer inacceptable que la société vienne règlementer le salaire minimum ou certaines conditions de travail contractualisées entre adultes consentants. Vous trouverez des parents qui trouvent inacceptable puissent juger de la façon dont ils élèvent leurs enfants. La liste est infinie.
Un point peut tout de même laisser présager qu’un sujet pourrait aussi être une question de société – et donc concerner tout le monde : Si la problématique implique ou peut impliquer des tiers. Et pour compléter : Juger que les tiers ne sont pas impliqués peut déjà en soi être un sujet de société.
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