Je pourrais me contenter de pointer que, là où il y a vote électronique (les quelques bureaux avec encore des machines locales, ou les français de l’étranger), il n’y a pas de taux de participation significativement plus forte.
Je vais quand même ajouter une évidence.
Il y a des exceptions mais la plupart des français de métropole sont 10 minutes de leur bureau de vote, 15 maximum, bureau dans lequel ils resteront probablement moins de 10 minutes.
Si ces personnes ne sont pas prêtes à investir en 2× 30 minutes par an pour déterminer l’avenir du pays et de leurs collectivités, le problème n’est pas dans la présence ou l’absence d’une app de vote sur leur smartphone.
Mépriser les autres en les traitant implicitement de flemmards n’y changera rien.
Vu le désalignement entre le corps politique et les citoyens, la proportion de non-adhésion avec les décisions prises, le sentiment d’impuissance et d’absence de contrôle sur ces décisions, le manque de diversité dans l’offre politique et de représentation de cette diversité au niveau des instances élues, le nombre de personnes qui se sentent totalement lâchées voire exclues par l’administration, la verticalité du fonctionnement réel du pouvoir en France… croire que la question vient du vote électronique est surtout très satisfaisant pour ne pas se remettre en cause.
Et si plutôt on mettait en œuvre un vrai chantier démocratique ? Et si on s’assurait d’utiliser autre chose que des scrutins majoritaires à deux tours pour notre représentation ?
Je vous vois venir, à me dire que ce n’est pas ça qui est vraiment le problème, tant que les gens ne s’intéressent pas à la politique.
On a eu ces dernières années un engagement majeur de la population au niveau politique. On a eu tout le mouvement des gilets jaunes dont la proposition phare était le référendum d’initiative citoyenne pour avoir une participation directe dans la vie politique. On a eu des mouvements sociaux qui portaient de vrais messages politiques sur les retraites ou les libertés. On a eu des pétitions qui ont enfin passé les quorums nécessaires pour imposer des inscriptions à l’ordre du jour parlementaire.
Croire que l’abstention relève du désintérêt de la vie publique et des questions politique c’est se mettre le doigt dans l’œil jusqu’au coude.
Le fond c’est au contraire que la politique ne les laisse pas s’y impliquer autrement que comme on leur dit, en glissant une fois de temps en temps un chèque en blanc pour des partis dont ils ne veulent majoritairement pas (ce n’est pas une opinion, ce sont les chiffres réels des élections), en votant pour l’un afin surtout de rejeter l’autre. Faire ce chèque en blanc par internet risque de ne pas changer fondamentalement le problème.
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