Ça revient sur le tapis trop souvent alors on va la refaire. Les plus pressés peuvent passer directement à la conclusion.
Mettons qu’on parte sur 217 jours de travail potentiels, ce qui est plus ou moins la norme Syntec. Là dessus on peut compter 10% du temps en administratif, commercial et avant-vente.
Mettons aussi 5% de temps non facturé, pour compenser une erreur, une journée pas efficace, une journée à vide parce qu’on attend un document ou une validation du client…
On arrive à 184 jours facturés. Bien entendu un développeur freelance sans aucune expérience et donc sans réseau n’a aucune chance de facturer 184 jours sa première année (même ensuite on est dans le haut de la fourchette, et il ne sera plus sans expérience) mais imaginons tout de même, pour la beauté de l’exercice.
184 jours x 120 € HT = 22 080 € facturés par la plateforme.
Là dessus il faut retirer les frais. On part sur un auto-entrepreneur (les autres statuts coûteront plus cher). Les cotisations sociales sont de 22,2% à prélever sur le chiffre d’affaire. Il reste donc 17 178 € avant les frais.
Dans les frais il y a déjà les 12% de la plateforme, soit 2 650 € annuels.
À ça j’ajoute au minimum : 300 € de responsabilité civile professionnelle, 50 € de compte bancaire dédié avec moyen de paiement, 500 € d’amortissement matériel moyen, 100 € de consommables et papeterie, 300 € de CFE, 200 € de licences et saas. Parce que c’est essentiel je compte aussi 1 000 € de mutuelle.
Ça parait beaucoup mais c’est largement sous-évalué. On compte en TTC, l’auto-entrepreneur ne se fait pas rembourser la TVA.
Comptons aussi que pour travailler il occupe 6 m² dédiés chez lui (une demie-pièce) qu’on peut évaluer à 13 € mensuels le m² charges comprises (oui, c’est arbitraire, mettons qu’il a un appartement pas cher dans une grande ville) soit environ 1 000 €.
17 178 – 2 650 – 2 450 – 1 000 = 11 078 € nets annuels.
Un freelance à 120 € par jour c’est moins de 80% d’un SMIC (13 845 € nets).
J’ai pris le cas vraiment idéal, des frais réduits et quasiment aucun jour non facturé. En pratique ça sera beaucoup moins.
Bien entendu pour ça il n’a aucune garantie de travail, aucune assurance chômage, impossibilité sérieuse d’accès au crédit, une galère pour trouver un logement à cause de tout ce qui précède, et des indemnités symboliques en cas d’arrêt de travail pour raison de santé.
Donc non un quart de moins que le SMIC ce n’est pas « correct » pour un plein temps avec une qualification très technique. C’est même assez honteux de le suggérer.
Laisser un commentaire