Catégorie : Langue française

  • La claque des accords genrés

    Le sujet a été abordé des zillions de fois. Je sais que d’autres y ont bien plus réflé­chi que moi alors j’écris ici dans l’es­poir qu’on m’ali­mente un peu.

    Nous n’avons pas de genre neutre en français et nous utili­sons le mascu­lin à cet usage, ce qui pose forcé­ment un problème de visi­bi­lité sur le fémi­nin.

    Pour les pronoms nous avons plusieurs inven­tions comme iel mais qui restent encore peu usitées et proba­ble­ment peu comprises par ceux qui n’ont pas été sensi­bi­li­sé·es. 

    S’il n’y avait que les pronoms et adjec­tifs posses­sifs ces ques­tions auraient proba­ble­ment été réglées depuis long­temps. Malheu­reu­se­ment notre langue genre ou accorde aussi les noms, les adjec­tifs et les parti­cipes passés.

    Le point médian semble s’im­po­ser (et c’est cool) mais ça reste assez lourd en lecture, surtout pour les formes les plus complexes comme comme « sérieux·ses »« musi­cien·­ne·s » ou « acteur·­trice ».

    J’en­vie les langues qui n’ont pas fait l’er­reur de tout genrer ainsi. On peut toujours reve­nir en arrière mais si c’est pour garder la forme mascu­line ça revient à accen­tuer l’in­vi­si­bi­lité du genre fémi­nin dans la société (qu’il dispa­raisse dans la syntaxe je m’en moque, mais l’im­pact va bien entendu plus loin).

    Du coup, quid d’uti­li­ser le genre fémi­nin par défaut et de faire dispa­raitre progres­si­ve­ment le mascu­lin ? Pourquoi n’est-ce pas proposé ?

    Je raconte peut-être n’im­porte quoi, mais comme je suis convaincu qu’il y a des gens bien plus éclai­rés que moi sur ces ques­tions, je suis juste­ment preneur de vos commen­taires.

  • Le fait qu’il y ait effec­ti­ve­ment des menta­li­tés à faire chan­ger ne doit pas nous amener à chan­ger tout

    Le fait qu’il y ait effec­ti­ve­ment des menta­li­tés à faire chan­ger ne doit pas nous amener à chan­ger tout.
    Si l’iné­ga­lité homme-femme n’exis­tait pas, l’uti­li­sa­tion du genre mascu­lin par défaut dans la gram­maire ne nous pose­rait pas de problème (quand bien fut-il le résul­tat d’une inéga­lité ancrée par le passé).

    — Delphine sur seen­this

    Si… mais aujourd’­hui ça pose problème, et ça risque de durer encore des décen­nies. L’iné­ga­lité homme-femme risquera d’être un problème autour de moi encore à ma mort.

    Ces redon­dances et ces alour­dis­se­ments révèlent sans doute que, dans l’es­prit de certains, le mascu­lin est devenu un genre marqué au même titre que le fémi­nin, et ne peut plus dési­gner que des personnes de sexe mascu­lin.

    (…)  Le choix systé­ma­tique et irré­flé­chi de formes fémi­ni­sées établit au contraire, à l’in­té­rieur même de la langue, une ségré­ga­tion qui va à l’en­contre du but recher­ché.

    — Acadé­mie française, sur la fémi­ni­sa­tion des fonc­tions, grades et titres

    Malgré ma conscience du besoin de chan­ger quelque chose, c’est clai­re­ment un des écueils majeur pour moi, d’au­tant qu’il porte un risque de faire entrer la langue dans une logique de confron­ta­tion qui peut éloi­gner encore plus cet avenir idéal sans inéga­li­tés.

    Aucune forme double ne m’a convaincu. Blanc(he)s, blanc•­he•s, blancHEs, blanc-he-s provoquent toutes une réelle diffi­culté de lecture en plus de cette ségré­ga­tion que je ne souhaite pas – les deux dernières étant de loin les pires.

    J’ai­me­rai voir des pronoms neutres, je trouve que ça ne coûte­rait pas grand chose. Entre temps j’aime par contre bien l’idée de chan­ger les accords pluriels pour faire appa­raitre le genre du dernier cité au lieu du genre mascu­lin. Le plus souvent ça me semble même plus natu­rel à l’oreille. C’est mon petit geste à moi.

    Un œillet et une rose odorantes