Que faire avec les archives Twit­ter ?

Je suis un para­noïaque de la perte de données. J’ar­chive et je garde tout sans jamais rien suppri­mer. Par contre je fais très atten­tion à diffé­ren­cier les archives publiques et celles que je garde en privé. En règle géné­rale ce qui s’adresse à un groupe défini ou qui relève de l’ins­tan­tané est privé, le reste est public.

Twit­ter me pose quelques problèmes. Son statut est entre le persis­tant et l’ins­tan­tané, entre le public et le privé. J’y publie des humeurs, des textes courts rédi­gés sur l’ins­tant et des discus­sions parta­gées publique­ment mais avec des gens qui ont choisi de me lire, qui partagent un même contexte de lecture.

Conver­sa­tions de comp­toir

Hors l’ins­tant, pris indé­pen­dam­ment, et lus par un tiers qui ne partage pas le contexte de lecture, ces messages courts sont trop faci­le­ment mal inter­pré­tés, incom­pris, ou peuvent être retour­nés contre mon discours. La forme et le travail des textes ne colle pas non plus avec ce que je l’im­pose pour une publi­ca­tion perma­nente.

C’est un peu comme une conver­sa­tion dans un café, sa publi­ca­tion dans le jour­nal n’au­rait pas de sens, sa retrans­mis­sion trois mois après non plus.

Or c’est juste­ment cette indexa­tion décor­rélé de tout contexte de lecture que nous propose Twit­ter, la pire envi­sa­geable. Certains messages publiés gardent un sens dans ces archives, mais ils sont mino­ri­taires. Le ratio béné­fice/problèmes est large­ment en faveur de problèmes à venir.

Des archives limi­tées

La seule solu­tion que j’ai vu c’est trai­ter Twit­ter comme de la conver­sa­tion instan­ta­née, et rapa­trier les archives en privé. Cela veut dire lais­ser les messages un moment, parce que c’est ainsi que fonc­tionne le mode asyn­chrone de twit­ter, puis les effa­cer quand ils deviennent trop vieux.

Qu’est-ce qu’un vieux message ? À partir de quel moment le contexte et la vision de l’ins­tant commence à perdre suffi­sam­ment son sens ?

J’ai tenté un petit sondage, et si mes préoc­cu­pa­tions sont parta­gées par quelques uns, elles sont large­ment mino­ri­taires. Pour quelques rares, l’ex­pi­ra­tion se situe entre trois et douze mois. J’avoue que j’étais plutôt dans cet état d’es­prit au départ.

D’autres ont, sans que je le mette en avant, réel­le­ment pris le parti de consi­dé­rer Twit­ter comme de l’ins­tan­tané, et proposent de ne lais­ser en ligne que les 25, 50 ou 100 derniers messages. Je ne n’avais pas réel­le­ment envi­sagé cela comme une solu­tion, mais c’est peut être fina­le­ment plus adapté à l’usage que j’en fais.

Reti­rer des conte­nus en ligne

Mais ça veut dire reti­rer des conte­nus en ligne, et c’est ressenti par prin­cipe comme une perte pour beau­coup de mes inter­lo­cu­teurs, indé­pen­dam­ment de la qualité des conte­nus.

Le tout pour moi est d’ar­ri­ver à expli­ci­ter ce statut inter­mé­diaire entre privé et public. Si ces archives n’étaient visibles que par ceux qui partagent mes discus­sions, quand bien même ce partage est en libre accès, cela règle­rait en partie mes problèmes.

Il ne reste­rait plus qu’à assu­mer avoir dans ces archives semi-publiques des messages dont la forme et la réflexion n’at­teint pas la qualité que j’en attends. Mais ça, je n’ai à m’en prendre qu’à moi-même fina­le­ment.

Entre temps… je pense de plus en plus à cette suppres­sion des anciens messages. Que le palier soit un, trois ou six mois, consi­dé­rez mes conte­nus Twit­ter comme de l’ins­tan­tané, appelé à dispa­raître.


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Commentaires

5 réponses à “Que faire avec les archives Twit­ter ?”

  1. Avatar de Karl
    Karl

    L’enjeu principal des archives twitter (et de tous réseaux sociaux) n’est pas tant la permanence mais l’accès à cette permanence. En effet, lorsque je vis dans un univers de partage de mes informations, les nouveaux amis n’ont accès qu`à une image partielle de cette information. Je ne révèle mon passé qu’au fur et à mesure. J’aimerais que le passé de mes réseaux sociaux ne soit accessibles qu’à partir de la date où les gens ont été acceptés sur mon compte.

  2. Avatar de Sophie Drouvroy
    Sophie Drouvroy

    et tu trouves pas que c’est un peu une perte de temps pour les effacer ? 
    :-/ 
    Et les archiver, où ? comment ?

    Imagine, Twitter, Facebook, et autres réseaux sociaux, on s’en sort plus.

  3. Avatar de Éric D.
    Éric D.

    Les effacer il est évident que ce ne peut être fait à la main. D’autres ont déjà fait des scripts pour ça, il suffit de laisser tourner.

    Pour les archiver c’est effectivement une question plus complexe. J’accepte en fait de la laisser à plus tard et d’archiver un format non exploitable directement. Je n’ai pour l’instant jamais recherché sur twitter quelque chose que j’ai personnellement écrit et qui date de plus de quelques semaines.

    Pour les autres réseaux sociaux j’imagine très bien, et ça me poserait effectivement problème qu’il y ait quelque part une archive publique de mes écrits instantanés ou privés. Je ne suis pas inscrit sur Facebook donc la question ne s’y pose pas pour moi.

    Si tu y mènes une activité qui n’est pas totalement publique, je t’invite à réfléchir à la question justement, parce que dans 5 ou 10 ans il sera peut être plus difficile d’intervenir sur ces archives ou d’en changer la politique d’accès.

  4. Avatar de Martin Supiot
    Martin Supiot

    Je comprends bien ton point de vue, mais un point m’intrigue quand tu parle de « contexte de lecture » et de perte de sens.

    Si toi seul supprime les messages d’une conversation, les messages de tes interlocuteurs perdent irrémédiablement leur contexte et leur sens !

    Non seulement ce n’est pas leur choix, mais en plus il n’en sont pas informés. Il me semble que ce point est bloquant pour envisager de supprimer les archives des conversations non ?

  5. Avatar de Éric D.
    Éric D.

    C’est vrai qu’en retirant mes messages, je fais perdre du contexte à d’autres qui sont en réponse. Il faut que je le prenne en compte, tu as raison.

    Je pensais au contexte de la date (proximité temporelle d’un événement, contexte particulier), d’un sujet de discussion (les réponses et échanges ne seront pas tous vus en regard), ou même d’une situation personnelle.

    Je pense aussi à la direction de l’information. Quelqu’un qui vient sur twitter sait que j’y discute politique et c’est seulement ensuite qu’il peut choisir de voir qui je suis. Les gens ont choisi de me suivre, spécifiquement. S’ils viennent par une recherche, ils ne savent pas quels sont mes positions, mes sujets, et peuvent lire totalement l’inverse de ce que j’y dis s’ils ne découvrent qu’un message isolé.

    Enfin, bêtement, la forme négligée des discussion peut passer quand on les lit sur le moment, mais dans une archive le contexte de lecture et les fautes ou messages mal rédigés peuvent avoir un impact bien plus fort.

    C’est tout ça que je mets dans le terme de contexte de lecture. Ces messages ne sont pas publiés pour être lus plus tard, isolément, par des tiers. Pas que ça me gêne en soi, mais si c’est le cas le lecteur risque de ne pas avoir le même état d’esprit, les mêmes attentes et donc surtout la même interprétation. Là ça peut commencer à me poser problème.

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