Je n’ai pas encore résolu mes interrogations et mes contradictions sur le sujet de l’IA et de son impact sur la planète.
Je retiens toutefois quatre points :
1– Personne ne peut prétendre savoir ce que sera l’avenir.
On ne sait pas à quel point les usages vont s’envoler ou pas. On ne sait pas quels seront ces usages. On ne sait pas s’ils vont remplacer d’autres usages, ni lesquels ni en quelle proportion. On ne sait pas quelle sera la consommation ni la taille des modèles futurs.
On ne sait honnêtement pas grand chose.
Si les projections sont des exercices intéressants, il ne faut pas confondre ça avec des prédictions.
2– Il y a certains futurs possibles où l’impact de ces outils sur la planète pourrait devenir significatif, voire un des enjeux à résoudre dans le cadre de la lutte contre le changement climatique.
Les limites de notre planète et le changement climatique sont à mes yeux peut-être les plus grands enjeux que l’humanité ait eu depuis qu’elle existe, et les conséquences seront probablement désastreuse.
Ajouter au problème ou freiner les mesures d’atténuation sont des risques loin d’être anodins.
3– Il faut garder en tête les ordres de grandeur.
Les estimations récentes descendent à 0.3Wh pour une requête standard à un ChatGPT-like. Si les chiffres varient, on peut dessiner une borne supérieure à 3Wh.
À 0,3Wh1, perdre 5 minutes à rédiger une conclusion ou un listing d’actions, à faire une relecture d’orthographe ou de grammaire sur un document, ou à faire une traduction rapide, c’est entre 5 et 10 requêtes2. Ouvrir le frigo une fois de trop c’est de l’ordre de 30 à 40 requêtes3. Réchauffer des restes 3 minutes au micro-onde au lieu de manger froid c’est 150 requêtes4.
Les plus curieux trouveront plein d’autres comparaisons dans le point d’étape précédent.
J’ajoute au moins que faire soirée raclette dans l’année c’est de l’ordre de 25 000 requêtes ChatGPT-like par personne, soit 60 tous les jours pendant un an5.
Ça ne veut pas dire que ça n’a pas d’importance, et tout ajout est un ajout de trop, mais se focaliser sur les usages actuels risque de générer beaucoup d’attention au mauvais endroit. C’est vrai autant à titre individuel qu’à titre collectif.
4– Certains usages ont un gain net.
En reprenant les exemples plus haut, utiliser l’IA pour faire traduire, résumer, relire des documents ou rechercher dans ceux-ci plutôt que le faire à la main permet probablement de diminuer l’impact sur la planète.
C’est pareil si l’assistance de l’IA pour chercher et réaliser des menus peut permettre une fois de temps en temps d’éviter un aller-retour au frigo, de jeter un reste ou d’avoir une recette froide plutôt que chaude.
Culpabiliser l’usage par principe ressemble aux mêmes mauvaises idées derrières de bonnes intentions que le tri des emails qui impose de passer du temps sur l’ordinateur ou le pipi sous une douche qui dure plus longtemps.
Je n’ai toujours pas de conclusion.
Ce n’est pas un décompte.
Le second point a tendance à réveiller ma trouille déjà existante sur ce que sera la vie des générations suivantes, dont celle de mon fils.
Je ne veux surtout pas que les autres points incitent quiconque à minimiser ce risque ou son importance.
Agiter le chiffon rouge ne me parait pas pour autant une bonne idée et je pense que ce serait une erreur que de traiter la chose de façon binaire par anticipation.
Pour l’instant j’en suis là.
Comme je disais en introduction, j’ai encore plus de questions que de réponses, et encore des contradictions.
- C’est ce qui semble ressortir de mes lectures. Si on prend 3Wh comme référence certaines comparaisons sont moins impressionnantes mais le principe reste. ↩︎
- 10W pour un ordinateur portable en très faible activité + 20W pour un écran externe de taille classique. ↩︎
- Ordre de grandeur de 1kWh par jour, consommation augmentée de 17% pour 15 ouvertures par jour ↩︎
- Micro-onde à 900W ↩︎
- Estimation de 2,5kg d’eqCO2 par personne traduite en consommation énergétique à l’aide du mix des USA de 365 g d’eqCO2 par kWh ↩︎
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