Je vois notre sphère politique crier victoire et préparer le relâchement de toutes les mesures en un à deux mois. Ça y est, nous aurions gagné contre le virus.
Nous n’avons pourtant que 28 % de la population avec au moins une dose de vaccin. Même si ça augmente vite, c’est trop peu pour espérer contenir le virus sans mesure restrictive. À aller trop vite alors qu’on est encore à des incidences hautes, on prend évidemment un risque de flambée.
Ce qui m’inquiète n’est même pas ça.
De quelle proportion de vaccinés avons-nous besoin pour que la diffusion du virus soit limitée ? Avec la contagiosité naturelle du virus, il semble que ce soit « beaucoup ».
Avec la souche historique, il nous fallait près de 70% de la population vaccinée avec un vaccin Pfizer efficace à 95% pour contenir la diffusion. Les fameux gestes barrières vont j’espère partiellement passer dans les habitudes et nous aider à réduire plus vite. C’est tout à fait jouable.
Mais…
Tous les vaccins qu’on utilise n’ont pas une efficacité à 95%. L’AstraZeneca est à 70%. C’est en soi beaucoup mais ça fait forcément baisser l’efficacité moyenne, et potentiellement nous faire perdre l’efficacité collective.
Plus gênant, cette efficacité annoncée est celle vis à vis des formes graves de la maladie. On a de très bonnes raisons de penser que ça limite aussi la transmission au moins dans le cas du Pfizer. Limite, mais pas forcément à 95% non plus. Bref, là aussi on est dans la mouise.
Et là viennent les variants…
On parle de contagiosité plus élevée, et d’efficacité des vaccins fortement réduite. Mettons 70% dans le cas du Pfizer, bien pire dans le cas de l’Astrazeneca. Autant dire que même en vaccinant 100% de la population au Pfizer, on l’a dans l’os.
Quand peut-on espérer une évolution des vaccins ARNm ? Je ne sais pas. Ils ne sont pas là, encore moins produits et injectés. Autant dire qu’on va avoir un sujet au moins jusqu’à la fin de l’année. Et si les mauvais variants se diffusent d’ici là, on est reparti pour rejouer 2020.
Bref, je suis inquiet.
Mais faites-vous vacciner, parce que même si ça n’offre pas la solution ultime à long terme, ne pas le faire est indéniablement pire. Peu importe le vaccin, si vous êtes dans les classes d’âge où il est recommandé alors la balance bénéfice/risque est bonne et vous serez mieux avec que sans.
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