Comme l’a relevé avec sagacité notre confrère belge des éditions Vies parallèles, le fait de ne pas mettre le code-barre à l’extérieur du livre le rend inexploitable par (les robots d’) Amazon. Zones sensibles a donc décidé de placer ce code-barre en deuxième de couverture, au bas du colophon qui se trouve sur cette page, et ce à partir de notre prochaine parution, Généalogie de la morale économique de Sylvain Piron, prévue pour le 20 novembre. Il en sera de même pour tous nos ouvrages à venir. Cette simple et élégante solution — qui permet par ailleurs d’éviter de ruiner le graphisme de certaines couvertures en raison de l’inélégance du code-barre — fait que nos ouvrages ne seront donc plus commercialisés par Amazon.
Bye bye Amazon : “Il en va de la responsabilité de chaque éditeur”, via David
J’ai la désagréable impression qu’on se trompe de combat. Ce n’est pas contre Amazon qu’on se bat en déplaçant le code barre, c’est contre l’automatisation.
On rend plus complexe cette automatisation. On va devoir utiliser des humains plutôt que des robots, et prendre plus de temps aux humains là où ils opèrent déjà.
Ça va impacter les robots d’Amazon comme ceux de n’importe quel entrepôt automatisé, y compris ceux que gèrent quelques gros libraires. Ça va même impacter le petit libraire de quartier qui va galérer un peu plus à trouver ce code barre et perdre du temps à ouvrir le livre au final.
Depuis quand occuper du temps inutilement à des humains est-il une victoire ? Qu’avons-nous fait pour mériter ça ? Nous marchons sur la tête. Nous devrions au contraire nous féliciter de chaque bride d’automatisation, de chaque travail épargné.
Le pire c’est que comme l’article le dit si bien, ça ne va pas faire une grande différence pour Amazon. Il y a deux catégories de personnes qui seront vraiment emmerdées : le lecteur (qui ne trouvera pas le livre là où il le pensait) et le libraire (qui en a aussi besoin de ce foutu code barre, que ce soit lors de la réception ou lors de la vente).
La problématique est plus large. C’est devenu une habitude de dire qu’on refuse les caisses automatiques pour sauvegarder l’emploi. Qu’on en vienne à considérer comme une solution positive de volontairement alourdir le travail des humains est juste hallucinant. L’autoflagélation a de beaux jours devant elle.
Il y a bien des débats à avoir et des révolutions à mener. Elles sont au niveau du partage des richesses au sein d’une société qui n’est plus basée sur le plein emploi. Il y a plein de choses à imaginer, plein de choses à créer, mais ce devrait être une source de réjouissance.
Pour ça il faut investir le terrain politique. Le seul candidat en 2017 à parler de la révolution de l’emploi dans un monde automatisé s’est retrouvé bien seul. C’est certain que c’est plus facile de déplacer un code barre, mais est-ce vraiment ça qu’on souhaite ?
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