Plutôt discret jusque-là dans la bataille qui oppose les géants du retail français aux Gafa, le groupe Casino passe à l’offensive. Le groupe de distribution français vient d’annoncer le lancement d’une plateforme data baptisée relevanC dans laquelle les annonceurs pourront consulter « la base de données la plus massive, complète et qualitative sur les consommations des Français, leurs intentions et comportements d’achat ». La plateforme proposera à terme près de 50 millions de profils et 1 100 segments d’audience.
Entre ça et Gravity, C’est un peu la course à « regarde, moi aussi je sais mettre fin en masse à la vie privée des gens ».
Ça me rappelle des discussions avec des entrepreneurs dans des solutions marketing. Naïvement j’ai fait remarquer une ou deux fois que les données récoltées leur permettraient au mieux une analyse statistique sur des visites.
On m’a répondu, sourire en coin, qu’il existe des services qui complètent les profils à partir de données incomplètes ou anonymes. Il suffit d’une IP, d’un identifiant de tracker web, parfois d’un nom avec une donnée supplémentaire. On vous renvoie un profil complet, souvent avec identité et coordonnées, mais aussi les habitudes, les catégorisations, les intérêts personnels.
C’est visiblement un secret de polichinelle, et si j’imagine que ce n’est pas parfait, ça semble suffisant et assez fiable pour investir dans du marketing.
Parfois les coordonnées ne sont pas partagées : Il faut demander l’envoi du mailing au détenteur des données. Sur le papier c’est un peu mieux mais ça n’apporte en réalité aucune protection. C’est uniquement pour rester en intermédiaire et monétiser plus longtemps vos données personnelles.
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Rien qu’en écrivant ces souvenirs, je me rappelle qu’une société pour laquelle je travaillais indirectement revendait les coordonnées de livraison, noms, adresse, âge et email de ses clients. Malaise quand je l’ai appris via une connaissance et un spam du loueur de la base (coucou Locadresses).
Quand je l’ai fait remonter naïvement, ils se sont préoccupés des pratiques de spam de leur loueur. Tel que je l’ai interprété, ils voulaient surtout éviter que n’importe qui reçoive en spam le fait qu’ils relouent les coordonnées de leurs clients. Revendre ces informations ne leur faisait par contre visiblement ni chaud ni froid.
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