Parce que le sujet est sensible il n’est jamais vain de rappeler : Ce sont mon opinion, mes pensées, mais ce ne sont que mon opinion et mes pensées, aujourd’hui, en fonction de ce en quoi je crois et avec ce que j’ai vécu.
Je ne prétends pas avoir La Vérité. Vous avez le droit d’avoir une position différente, de l’exposer. Je ne vous demande que de m’en concéder autant, avec respect et ouverture. Peut-être que nous évoluerons en échangeant. Ne venez ici que si vous êtes prêts à avoir le même état d’esprit.
Fallait-il la publier ? L’horreur de l’image d’aujourd’hui était-elle nécessaire pour faire passer l’information et la prise de conscience ? Franchement je n’en sais rien mais mon propre avis n’a que peu d’importance dans l’histoire.
Ça n’a que peu d’importance parce qu’il me semble essentiel qu’un journal d’information sérieux ait la liberté de faire ses propres jugements sur la question, et qu’aucune autorité morale ne puisse dire que tel ou tel sujet est trop choquant pour faire partie de l’information.
J’y tiens et ça me parait essentiel.
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On m’aurait posé la question avant publication, j’aurais probablement jugé que la photo de l’enfant mort sur une plage il y a plusieurs mois étaient inutile et irrespectueuse. Vu ce qu’a déclenché cette photo, j’aurais eu tort. C’est le déclencheur de l’accueil de dizaines ou centaines de milliers de réfugiés et d’une prise de conscience d’une partie de l’opinion publique.
Cette image a certainement provoqué des traumatismes forts mais elle a aussi sauvé des vies. Trop peu par rapport à ce qui aurait été possible, mais des vies ont été sauvées.
Je ne me vois pas dire que les problèmes que peu causer l’image ou sa publication sont insignifiant face à son rôle et son impact sur la société. Ça n’aurait aucun sens. Les humains ne se jugent pas en comparant des chiffres dans un tableau. Mais justement : Je me refuse aussi à dire le contraire.
Parfois le journal fait un choix de publication radical. Des fois l’histoire montre qu’ils ont eu raison. Des fois ce n’aura pas été le cas. Des fois les avis divergent même après coup.
Je ne sais pas ce qu’il en sera pour l’image d’aujourd’hui mais je défie quiconque de prétendre savoir à coup sûr. L’impact et la nécessité sont bien difficiles à juger, même après coup.
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Et puisque ça a été une partie de la discussion : Je comprends ce que veut dire déclencher des angoisses ou des états impossibles qui peuvent durer des semaines ou amener au suicide. Je ne le nie pas, je ne le diminue pas. C’est inimaginable de me croire le faire pour ceux qui ont connu mon passé. C’en est même insultant.
Mais en même temps je ne peux demander à la presse de masquer toutes les images et tous les sujets qui peuvent être un déclencheur chez quelqu’un. Je ne le souhaite même pas. Il ne resterait rien.
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Je me rappelle qu’il y a à peine quelques années tout le monde défendait le droit à la publication de caricatures religieuses.
On ne parle pas ici de traumatismes mais ce n’est pas plus léger pour autant. Pour ces caricatures on a assumé le risques d’attentat et de morts. Plus loin, on a eu des morts à cause de ça. Des morts, et bien entendu tous les traumatismes qui vont avec pour les survivants.
Publier ces caricatures n’avait aucune autre motivation que de défendre le droit de les publier. Et pourtant, malgré les morts, malgré qu’on ne prétendait aider à sauver personne, je n’en connais pas un qui oserait aujourd’hui dire qu’on aurait du l’interdire.
Alors oui, je crois que de la même façon on ne devrait pas interdire ou même reprocher la publication d’une image d’horreur qui d’après leurs éditeurs ont un vrai but d’information, de prise de conscience et de mouvement d’opinion.
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Je n’aurais probablement pas fait ce choix de publication mais je défend le droit à Libération de le faire. Même si ça pose plein de questions toutes aussi justes les unes que les autres. Même si ça cause des traumatismes forts à des gens. Même si ça tue. Parce que s’ils jugent que ça a la moindre chance de peser dans le débat public, ça peut aussi faciliter une intervention et sauver toute une population, directement aujourd’hui ou indirectement demain.
Oui c’est moche, et c’est une réflexion froide de ma part parce que justement ce cas ci ne me déclenche rien moi-même, mais je n’ai pas d’autre réponse que celle-ci.
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