Je fatigue des réactions scandalisées sur le fait que la perdante de la présidentielle US ait eu en pratique plus de voix que le gagnant.
Quand en France un parti qui fait durablement 20% des voix n’a que 3 députés sur 925, étrangement ça attire moins les foules.
La comparaison n’est pas dénuée de sens, parce que l’élection américaine se rapproche quelque part des nos élections législatives, sénatoriales et européennes.
C’est à dessein que ces élections ne sont pas purement représentatives des population. On ne cherche pas à représenter uniquement les populations, mais aussi les territoires. Le paradoxe de Simpson n’est pas une anomalie exceptionnelle et scandaleuse, il fait partie des objectifs assumés.
Et à y penser, les USA sont une fédération d’États, et leur président est élu par les représentants des différents États (les grands électeurs). Leur futur président a bien obtenu la majorité des États (modulo les pondérations choisies par leur fédération). Présenté comme ça, d’un coup c’est moins étonnant.
Les équilibres territoires – populations ne sont pas faciles, les deux facettes sont légitimes. Déterminer un élu unique sur ces bases est forcément complexe et illégitime sur une des deux facettes. Au moins les USA une ont vraie histoire et un vrai fonctionnement en fédération d’États indépendants donc dire qu’il y a eu une influence due aux territoires n’est pas inacceptable.
Nous avons ces mêmes biais mais sans la même excuse. Notre pays est bien plus uni, autant dans son histoire que dans son fonctionnement. Nous élisons de plus des centaines de personnes dans nos assemblées, donc aurions toute possibilité d’avoir une vraie représentation des territoires comme des populations… pour peu que nous le voulions.
Avant de critiquer la paille représentant un biais de 2 points de pourcentage chez les autres, regardons la poutre chez nous qui est plus de l’ordre de 20 points. On gagnera en crédibilité et en démocratie.
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