Steve McCurry, dont la photographie la plus connue est le portrait de Sharbat Gula, une jeune afghane de 13 ans réfugiée au Pakistan, est actuellement sous le feu des projecteurs après que le photographe italien Paolo Viglione ait découvert un petit « couac » sur l’une des photos de Steve McCurry exposées au palais Venaria Reale à Turin.
Sur l’une des images exposées, plusieurs détails gênent. La photographie est prise à Cuba, dans la rue. En regardant l’image, on découvre qu’à plusieurs endroits, le tampon de clonage a été utilisé pour déplacer certaines zones de la photographie, comme ce bout de trottoir ou ce poteau jaune de signalisation.
Ce qui me choque dans cette histoire ce n’est pas tant qu’il retouche les photos – l’exemple ici ne montre aucun détournement qui change le sens ou le contexte d’une information de reportage – mais qu’un photographe qu’on considère comme une référence puisse faire un travail de retouche aussi dégueulasse.
Sérieusement… le poteau est dans le vide à côté de son pied et le passant a vu disparaitre le sien. Même moi je ne laisserais par des trucs à moitié aussi grossiers. Je ne comprends juste pas.
Le débat sur les retouches reste intéressant cependant. Je trouve intéressant qu’il rappelle que le travail c’est aussi créer des images pour (se) faire plaisir.
Hors les photographies à objectif de reportage à visée d’information – et encore – je ne comprends pas ce qui pousse certains à refuser les retouches. Même les photos à développement manuel faisaient toujours l’objet de choix et de traitement, parfois lourds, pour créer l’image finale.
Plus tard, j’ai couvert d’autres guerres et des conflits civils au Moyen-Orient et ailleurs et ai produit des essais photographiques pour des magazines, mais comme tous les autres artistes, ma carrière est passée par plusieurs stades
Aujourd’hui, je définirai mon travail comme « conteur d’histoire visuel » (visual storytelling en anglais) parce que mes images ont été réalisées dans beaucoup d’endroits, pour beaucoup de raisons et dans beaucoup de situations. La majeure partie de mon travail récent a été réalisé pour mon propre plaisir dans des endroits que je souhaitais visiter afin de satisfaire ma curiosité, sur les peuples et la culture.
Il reste que la dernière excuse est bien moche.
J’essaie d’être aussi impliqué que possible dans la revue et la supervision de l’impression des photos, mais très souvent les tirages sont réalisés et envoyés lorsque je suis absent. C’est ce qui est arrivé dans ce cas. Bien entendu, ce qui est arrivé avec cette image est une erreur pour laquelle je dois prendre mes responsabilités.
Le développement et traitement – partie créative essentielle qu’il assume quand il dit créer des images plus que de faire du photoreportage – est laissé à des tiers, sans même de revue de validation, alors que c’est son seul nom qui est soumis avec les images.
Quitte à parler d’éthique, c’est plus ça qui me gêne que la retouche elle-même.
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