Globalement je déteste la guerre, comme Miss France. […] Et pourtant, il a suffi d’un soir, d’un massacre d’innocents comme nous, d’un seul coup et avec des méthodes dignes des pires cauchemars, pour lancer la France dans la guerre.
[…] J’ai compris donc pour la première fois comment les choses arrivaient dans l’Histoire. J’ai compris que le progrès, les Lumières, l’expérience du passé, l’humanisme revendiqué, l’esprit des anciens, na valaient pas tripette face au consensus sanguinaire. Le besoin de vengeance, animal, est bien plus fort que tous les raisonnements.
[…] Un ami m’a dit « Tu ferais moins le philosophe si cela avait été ta femme, ou ta fille, au Bataclan ! ». C’est exact. Je pense que si cela avait été ma femme ou ma fille je serais déjà en guerre partout en train de combattre avec plus de kalachnikovs sur moi que dans tout le Moyen-Orient. Mais c’est pour protéger l’humanité de cela que nous avons créé un tas d’institutions, des lois, des protections collectives.
[…] Quand je vois que seulement six députés ont voté contre la loi sur l’état d’urgence, je suis tétanisé. Je ne dis pas qu’il ne fallait pas la signer, mais s’interroger n’est pas un crime. Prendre du recul est possible.
[…] « OK donc t’es contre l’état d’urgence et la fermeté ? » (on me l’a dit). Pas du tout. […] Mais je ne crois pas qu’il fallait foncer tête baissée dans la guerre là-bas, en le clamant, tel un croisé, l’œil ému et le bras tremblant.
[…] Nous avons perdu notre sang-froid et avons foncé dans l’Histoire des guerres avec si peu de recul que j’en suis terrifié.
Un grand merci aux six, qui ont du avoir un grand courage pour faire face à la meute, qui ont du et vont encore subir beaucoup de pression, en plus d’une mise sur le banc pour tout ce qui est nomination et postes à pourvoir.
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