Par le hasard de la sous-traitance de sous-traitance, j’ai été amené un jour à intervenir sur le site Web d’un très grand groupe privé, pour mettre en place leur système de publication.[…]
Un matin, le client a brutalement rompu le contrat avec le prestataire qui travaillait sur le site, sans préavis ni la moindre explication. Je n’ai jamais vu un projet se finir aussi abruptement.[…]
Quelques années plus tard, j’ai croisé un ancien collègue côtoyé sur ce projet, et eu le fin mot de l’histoire. Quelqu’un, chez le client, s’était renseigné sur mon compte, avait découvert que j’étais un infâme gauchiste, et avait provoqué la rupture du contrat pour écarter la menace que je représentais à leurs yeux.[…]
Je n’avais pas de casier, pas de présence en ligne, rien qui aurait pu permettre de découvrir légalement la teneur de mon activisme. Quelqu’un, au sein d’une entreprise privée, a pu avoir accès à des informations. Quelqu’un, au sein des « services » qui détenaient ces renseignements, les a laissées fuiter. […]
Cette histoire n’a rien d’exceptionnel, j’ai eu connaissance d’autres témoignages de même teneur, comme celui d’un cameraman membre de la LCR, pas vraiment une organisation révolutionnaire, qui, a peine embauché par une antenne locale de FR3, a été « dénoncé » à son rédacteur en chef par les RG locaux […]
À titre de rappel, le projet de loi sur le renseignement ne concerne pas que la lutte contre le terrorisme mais aussi les intérêts économiques et scientifiques (donc dès que ça concerne une grosse entreprise), les engagements internationaux ou européens (donc si vous militez pour ou contre un élément sur lequel la France a signé un jour une convention), ou les violences liées à l’ordre public (et franchement là dedans vient quasiment toute manifestation ou activisme un peu fort)… pas que les faits avérés, mais la prévention de faits potentiels : Pas besoin d’avoir fait quoi que ce soit.
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