Ne pas vouloir ou ne pas pouvoir ?

J’ai vu passer des photos d’af­fiches mises par les libraires à propos du livre de Valé­rie Trier­wei­ler. Ça va de « La librai­rie n’a pas voca­tion à laver le linge sale de Madame Trier­wei­ler » à « Nous sommes libraires. Nous avons 1001 livres. Nous n’avons pas voca­tion à être la poubelle de Trier­wei­ler et Hollande. ‘Merci pour ce moment’ de compré­hen­sion. »

Il y a peu de jours j’ap­prends aussi que parfois les sorties de titres à scan­dale sont sous embargo. Le libraire doit consti­tuer son stock sans connaitre ni le contenu ni même le titre ou l’au­teur. Ça se fait unique­ment dans la confiance dans les esti­ma­tions de l’édi­teur (c’est à dire dans la non-confiance de l’édi­teur envers ses libraires). Ce fut très proba­ble­ment le cas pour le livre de Valé­rie Trier­wei­ler.

Bref, très proba­ble­ment les libraires ont pris le risque (ou pas) de comman­der avant de savoir ce que c’était. Quand le livre a fait « boom », il a été épuisé en quelques jours et il était trop tard pour y palier de toutes façons.

La jolie histoire du libraire qui fait le choix de ne pas distri­buer un livre un peu revan­chard, elle s’éclaire d’une tout autre lumière désor­mais.

Je ne dis pas que pour certains ce puisse être un vrai choix de déga­ger de la litté­ra­ture orien­tée romans et non des brûlots poli­tiques, mais dans l’en­semble, ça ressemble surtout à une habile manière hypo­crite d’ex­pliquer qu’ils n’en ont pas en stock et que malheu­reu­se­ment le livre est épuisé, qu’ils en ont marre qu’on leur demande ce qu’ils ne +p+euvent pas vendre.

Une réim­pres­sion est relan­cée mais l’his­toire va se répé­ter. Pour l’ins­tant c’est encore les premiers jours, quasi­ment personne ne l’a lu. Les gens l’achètent parce qu’on en parle, sans savoir. Rien ne dit que l’in­té­rêt subsis­tera dans quinze jours quand l’ac­tua­lité sera passée à autre chose et que le bouche à oreille commen­cera à parler du contenu réel. Il serait normal que les libraires indé­pen­dants hésitent à comman­der du stock sur la réim­pres­sion à venir, quitte à rejouer le même scéna­rio.

Entre temps… il est dispo­nible en numé­rique, chez tous ceux qui font du numé­rique (éton­nam­ment, là où la vente est possible, personne ne colle d’af­fiche comme quoi ils ne veulent pas le faire).

D’un autre côté, notez que OUI, le libraire choi­sit les ouvrages qu’il commande, et c’est bien normal. Le stock coûte cher, les inven­dus aussi, la place est limi­tée. Bref, même s’il voulait faire autre­ment, le libraire choi­sit ce qu’il a en maga­sin (et donc ce qu’il vend). Mis à part Amazon (et encore), même les très gros libraires en ligne avec de gros entre­pôts ont cette problé­ma­tique de choix. Il y a une alchi­mie entre prévoir ce qui se vendra, déga­ger une couleur édito­riale, et mettre en avant des coups de coeur.

Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-ND par JOSE VICENTE JIMENEZ RIBAS


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Commentaires

4 réponses à “Ne pas vouloir ou ne pas pouvoir ?”

  1. Avatar de Damien B

    « Mis à part Amazon (et encore), même les très gros libraires en ligne avec de gros entrepôts ont cette problématique de choix. »
    Amazon n’a peut-être pas la problématique, mais il se réserve quand même l’option de faire des choix (Hachette…).

    1. Avatar de Gilles

      Oui enfin Amazon France pourrait boycotter Hachette mais Hachette (papier) est protégé par la Loi Lang qui interdit plus que 5% de remise.
      Le jour où Amazon France boycotte le groupe Hachette, c’est 60% minimum de la production (et plus de 75 des best-sellers) qui ne se vend plus, bonjour le chiffre d’affaire !

  2. Avatar de Damien B

    Heureusement que la gestion du bras de fer avec un éditeur ne passe pas que par des décisions binaires (ou TOR comme on disait dans ma jeunesse).

  3. […] dit, concernant ce livre de Valérie Trierweiler, les libraires sont surtout très hypocrites quand ils annoncent ne pas vouloir le […]

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