Nos FAI tiennent comme à la prunelle de leurs yeux à leur obligation de moyen, par opposition à une obligation de résultat. Cette obligation de moyen a du sens quand on parle de questions techniques où les responsabilités sont multiples et où rien n’est tout blanc ou tout noir.
Toutefois, pour qu’une telle obligation de moyen fonctionne, il faut être capable de l’évaluer. À défaut on continuera à avaler des publicités pour du 24 ou du 100 Mb/s alors que la connectivité vers Youtube et les autres fournisseurs de contenu est trop mauvaise pour arriver à quoi que ce soit sur 5 Mb/s.
Le FAI ne contrôle pas tout l’Internet
Stéphane Bortzmeyer pose les bonnes questions. Mesurer le débit réel vers l’extérieur est difficile. « Le FAI ne contrôle pas tout l’Internet » et ne peut garantir une bande passante de bout en bout.
Je me permets de tout de même d’arrêter là l’exonération de responsabilité. Le FAI ne contrôle pas les débits une fois sorti de son réseau, mais il contrôle tout à fait à quel nœud ou quel opérateur de transit il fait transiter ses données. Charge à lui d’utiliser un nœud ou un opérateur efficace. Parfois le FAI n’a réellement aucun contrôle, mais parfois ça peut ne tenir qu’à changer de route.
Mais il n’est pas impuissant non plus
Si ça ne suffit pas, l’obligation de moyen c’est aussi de mettre en œuvre un peering raisonnable et bien dimensionné avec les gros fournisseurs de contenus, ou une connectivité plus directe. Parce que finalement je le paye bien pour ça mon FAI.
Il est un peu trop facile de se décharger « ce n’est plus ma responsabilité une fois sorti du réseau ». Si effectivement le FAI ne peut contrôler toutes les routes, la connectivité vers les réseaux principaux, vers les peerings, vers les fournisseurs de contenus majeurs, ne lui est pas étrangère.
Faire quelques mesures
Plus exactement si ça rame vers Youtube, Gmail, Dailymotion, Megaupload, Facebook, Flickr, TF1 ou je ne sais quel service majeur, votre FAI en est très souvent responsable. Si ça rame ailleurs chez votre FAI mais pas celui d’à côté, même sanction. Entendons nous bien, il ne s’agit pas de dire que le FAI est responsable d’un choix du fournisseur de contenu, mais il est responsable de ne pas faire remonter le problème, de ne pas utiliser ou faire utiliser des routes alternatives, de ne pas mettre en place un peering ou une connectivité directe, etc.
Faire des mesures de latence et débit vers une cinquantaine de gros hébergeurs fournisseurs de contenus, ça ne suffit pas (il ne faudrait pas segmenter Internet avec les gros d’un côté et les petits de l’autre) mais ça ne coûterait pas si cher et ça donnerait déjà des résultats intéressants.
En ajoutant pas mal de tests de petits sites, variables chaque mois, en relevant les FAI qui ont une connectivité sensiblement inférieure vers un réseau ou un autre, on finirait par donner une bonne image de ce qu’offres les FAI, non ?
Responsabilité, faute et mesure
Il faut tout de même noter que si je parle de responsabilité, je ne parle pas de « faute ». Il ne s’agit pas de dire que tel ou tel FAI est en faute. Par contre, du point de vue utilisateur, avoir un retour sur ce que sera la réalité de sa connexion me parait bien indispensable.
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