Le billet de Ludovic Pénet sur le déséquilibre des échanges réseau et la neutralité du net ne parle finalement que peu de déséquilibres mais j’en profite pour m’accrocher à la discussion.
Tout d’abord je suis agacé quand j’entends parler de ce fameux déséquilibre. Un tuyau fait passer des données. Elles consomment une partie de la bande passante du tuyau, nécessite des ressources pour les routeurs et l’acheminement, mais finalement rien dans tout ça n’est dépendant du sens de l’information lui-même. L’asymétrie n’est en rien un « problème ».
Fut-ce t’il d’ailleurs un problème qu’il serait franchement hypocrite de la part des opérateurs de s’en plaindre. On ne peut décemment pas offrir un accès à l’utilisateur 20 fois plus large en descente qu’en montée, puis râler ensuite qu’il y a plus de descente que de montée. Il faudrait rester un minimum cohérent.
La question est par contre éventuellement de savoir sur quel réseau circule la donnée avant d’arriver à son point de chute, ainsi que de savoir qui est responsable du trafic, et donc de son paiement.
Là aussi je trouve le comportement des opérateurs très hypocrite. Le contenu transféré l’est parce qu’il est demandé par le réseau de l’opérateur (par l’abonné). Le responsable est-il celui qui répond à la demande ou celui qui demande ? Finalement, ne serait-ce pas plutôt à l’opérateur de payer le fournisseur de service pour les ressources serveur qu’il consomme ? Ces ressources serveur coûtent certainement plus cher que les ressources réseau.
Ludovic parle de marges arrières et je pense qu’il est en plein dans le sujet. L’opérateur est bien dans une démarche de distribution d’un contenu payé par ses clients et fournit par d’autres. Il remplit un service qui mérite financement mais sa position de force trop importante finit par lui permettre des comportements nocifs pour tout le monde.
À long terme ces comportements sont même nocifs même pour l’opétateur lui même, mais à la limite c’est peu important. Ici on touche de trop près à la à la capacité de communiquer, d’informer, au lien social, à la capacité d’accéder au monde, pour qu’on ait le droit de laisser faire un jeu qui favorise certains fournisseurs de services (qui payent) par rapport à d’autres.
Il faut convaincre nos politiques de bouger pour faire de l’accès à Internet un service neutre et protégé, comme peut l’être l’accès à l’électricité. Problème : ces derniers voient encore Internet comme un ennemi qu’il faut surveiller et contrôler. Leur voie se situe sur le DPI (contrôle profond du transit réseau), ce qui arrivera forcément si on renforce le contrôle des opérateurs.
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