Bon, personnellement, un iPad et deux liseuses. Faut dire que j’ai aussi été poussé à « collectionner » le hardware vu qu’ils sont le meilleur moyen de vérifier la qualité des fichiers sortis avec Le Morse (Walrus-books) pour que tous les lecteurs aient le même fichier final (et croyez-moi que c’est pas évident, surtout avec le RMSDK Adobe qui fait fonctionner le moteur de lecture chez certains fabricants).

Effectivement, je pense que iPad, les tablettes en général et les « liseuses LCD » ( B&N Nook Color, Kobo Vox et Kindle Fire) s’adressent à d’autres usages et d’autres types de lecteurs. Ça me parait même évident si on regarde plus en détail Nook Color : il n’a pas cannibalisé les ventes de liseuses e-ink Nook. D’ailleurs, un gros « effort commercial » est fait envers livres illustrés, livres enrichis, etc., ce que les gros lecteurs sont encore peu enclins à accueillir dans leurs pratiques de lecture. Je vais m’arrêter là sinon mon message va dépasser les 2000 mots. ;-)

Niveau liseuse : une Sony PRS-350 et un Kindle 4. Je tiens à faire remarquer que Kindle 4 n’était pas un choix idéologique mais pratique (pour vérifier qualité des fichiers Kindle avant publication).
Malgré ses qualités, je dois dire que le Sony est resté dans le tiroir ces dernières semaines. Bon, évidemment, pas de Wi-Fi ni boutique intégrée, impossibilité de recharger sur prise secteur avec une grande partie des adaptateurs vendus dans le commerce (en fait, petite technique artificielle qui semble employée pour vendre leur adaptateur, qui a tout d’un adaptateur secteur de PC soit dit en passant. Grosso modo, les utilisateurs font tourner des listes d’adaptateurs qui fonctionnent avec la liseuse), bugs synchronisation avec leur Sony Reader App (les utilisateurs Mac ont bien pleuré à la mise à jour OS X Lion vu qu’il a fallu reconstruire toute leur bibliothèque), autonomie largement moins bonne que celle indiquée (même sans être surligneur intensif), etc.
Mais je crois que le pire, c’est vraiment la décision prise par Sony sur le support logiciel. Les liseuses n’ont qu’un an, plus aucun firmware officiel ne sera fourni par la marque… Et quand on sait qu’il tourne déjà sur du software Adobe plutôt ancien, c’est un peu se foutre de la gueule du monde. J’espère qu’ils ne vont pas adopter la même stratégie avec le PRS-T1 mais c’est un gros argument contre l’achat de liseuses Sony selon moi. Personnellement, ayant vécu ça, je ne suis pas prêt d’en racheter une chez eux, surtout au prix où les liseuses d’ancienne génération étaient vendues.

Kindle, d’un point de vue lecteur qui ne se préoccupe pas de tout cet aspect technique (format proprio), je dois reconnaître que l’écosystème est vachement bien foutu et que ça explique largement pourquoi Amazon est toujours leader sur le marché US (50% de part de marché).
Utilisable dès la sortie du carton (car compte Amazon automatiquement lié), pas synchronisé une seule fois depuis son acquisition, envoi fichier via adresse mail (on peut même faire convertir le fichier en indiquant « convertir » dans le sujet du mail), synchronisation automatique vers les applications Kindle (iPad, PC, Mac, etc.) et j’en passe. Bref, c’est un écosystème très confortable et je pense que pas mal de concurrents (et libraires online) se trompent pas mal à jouer sur le côté EPUB-standard alors qu’une très grande partie des clients ne savent même pas ce que c’est, d’autant que pour pas mal d’entre eux, EPUB signifie aussi DRM, notamment Adobe Adept qui a très très très mauvaise réputation (bugs, etc.). C’est encore pire aux USA dans le sens où B&N fonctionne avec un DRM Adobe Adept modifié et que les livres achetés chez eux ne sont pas compatibles avec Adobe Adept (à l’inverse, les EPUB avec DRM Adobe fonctionnent sur Nook). En passant, B&N a aussi fait son format proprio .ebook qui est une simple modification du standard EPUB avec des bouts de EPUB3 dedans. Bref, .ebook + DRM Nook, c’est un peu la double-peine pour le lecteur.
On peut encore ajouter d’autres choses positives à cet écosystème (nonobstant toujours sa fermeture) : la possibilité d’être remboursé pour le lecteur, les notes consultables en ligne sur sa page Kindle, l’ouverture à la littérature indépendante (via Kindle Direct Publishing) qui a obligé B&N à suivre avec PubIt!, etc.
Au final, tous ces petits détails comptent, je pense, énormément pour les clients/lecteurs Kindle. Et on en revient au fait que je pense que la concurrence se plante complètement sur ses arguments. Pour concurrencer Kindle, ce n’est pas vraiment une question d’ouverture ou de standard (une nouvelle fois, ce sont des débats de connaisseurs, pas de grand public), c’est une question d’offrir un écosystème meilleur sur certaines choses ou en tout point.