Sur Paris (zone de pénurie) on trouve beaucoup d’assistantes maternelles à 5h de SMIC par jour (par enfant)… ce qui est le maximum autorisé par la CAF pour bénéficier de l’aide PAJE. Je trouve un peu exagéré de mettre sur le dos du marché une situation qui semble fortement liée à la politique publique.

Mais même sans ça, la rémunération d’une assistante maternelle peut difficilement dépasser certains plafonds. Un employeur embauche (en gros) tant que la productivité marginale est supérieure au coût marginal. Appliqué aux assistantes maternelles, plus le coût de la garde des enfants se rapproche des revenus d’une catégorie professionnelle, plus les membres de cette catégorie ont tendance à s’arrêter pour s’occuper de leurs propres enfants.

En d’autres termes, les assistantes maternelles ont un problème de substitution, et le coût de cette substitution est corrélé au revenu médian, donc les assistantes maternelles ne pourront jamais être dans une classe sociale très élevée.

Ceci dit, les tarifs d’une assistante maternelle varient à peu près du simple au double entre une zone tendue comme Paris et la province où, admettons-le, l’offre de garde est meilleure, donc ils sont clairement sensibles à la demande dans une certaine mesure.

Je vois aussi passer ces offres de « CTO » à 35k€ par an. À ce tarif-là, il y a peu de chances qu’ils trouvent un ingénieur, mais peut-être auront-ils des réponses de jeunes techniciens, ou de participants à ces « bootcamps » de quelques semaines. La demande seule ne peut pas expliquer l’écart de salaire entre un médecin spécialiste (11 ans d’étude) et une assistante maternelle (2 semaines de formation). L’investissement en temps nécessaire aux études fonctionne comme une barrière à l’entrée qui influe sur les coûts.

De la même manière le faible salaire des agents de propreté et des éboueurs s’explique par l’offre, pas par la demande (qui est plus ou moins constante, et publique pour les éboueurs). Ce sont des professions qui demandent très peu de formation, dans un contexte où on est loin du plein emploi.

Bref, je ne pense pas qu’on puisse considérer que la hiérarchisation des métiers et les classes sociales soient la cause de ces inégalités de revenus. À court terme, on peut certainement les voir comme un phénomène qui ajoute de l’entropie et ralentit le retour à l’équilibre, mais sur une plus longue période il me semble plutôt que ce soit des critères économiques qui déterminent la classe sociale associée à un métier et pas l’inverse.

Après, je pense que le salaire horaire d’un éboueur augmenterait énormément si on mettait en place un revenu d’existence raisonnable, parce qu’on n’aurait plus l’effet de « beaucoup de gens doivent faire ça pour vivre ». Et on aurait sans doute par conséquent plus d’investissement dans des technologies permettant de réduire le nombre d’heures de travail nécessaire et la pénibilité du métier.

Comme disait un prof d’économie, l’économie est descriptive, pas prescriptive. Elle essaie d’expliquer les causes de certains états et les conséquences de certaines actions. Ce qui est « juste » et ce qui devrait être fait relève de la philosophie et/ou de la politique.