Lorsqu’on est jeune diplômé, faire un CV est quelque chose de très complexe.

Pour avoir refait mon CV il n’y a pas bien longtemps ;) je peux aujourd’hui comparer avec les CV que je faisais en étant jeune diplômé. Et mes CV à cette époque comportaient certains des points que tu critiques ici (je ne veux pas les justifier, mais en expliquer certains).

Pour commencer, je l’ai par certains côtés plutôt bien réduit. Typiquement ma zone de compétences (par exemple les langages de programmation) c’est fortement réduite. On pourrait trouver ça étrange mais c’est plutôt logique.
Lorsqu’on est jeune diplômé on n’est expert/confirmé en rien. Donc à part mettre la liste de ce qu’on a touché on ne peut pas mettre grand chose. Bon évidemment si on a déjà fait du dev sur un sujet en particulier ce n’est pas pareil.
Avec le temps on se spécialise, ou au moins on acquière réellement de l’expérience sur certains sujets. Et dans ce cas on va simplement occulter les autres, qui n’ont au final que peu d’importance.
Personnellement je trouve qu’une indication du niveau peut être intéressante si c’est au delà de l’apprentissage classique. Mais je rejoins ta remarque sur les langues (finalement une remarque sur l’indication de niveau) : ne surtout pas se surévaluer. J’ai reçu il n’y a pas si longtemps une personne qui indiquait sur son CV « expert Java ». Il a suffit d’une seule question (pas piège du tout, réellement) pour le mettre à mal alors que ce n’était pas du tout le but. Le problème de surévaluer son niveau est qu’on ne sait jamais qui va lire le CV. Et ça peut justement être un vrai expert, et en général ça fait très mal.

Un autre problème est qu’en tant que jeune diplômé on n’a pas grand chose à écrire sur son CV. Mais vraiment pas grand chose en réalité. Alors on pense surtout qu’avec rien on ne sera jamais pris. Donc on tente d’en mettre un peu plus que le voisin, on essai d’impressionner un peu. Mais au final reste qu’on a la même chose que le voisin. Et donc on ne s’en démarque pas plus. On se démarquerait d’ailleurs plus à en mettre moins…

Pour ma part j’ai plus appris à faire un CV en en lisant ou en recevant des personnes qui postulaient. C’est réellement là où j’ai réussi à me poser la question « qu’est ce que je veux vraiment lire sur un CV ? » et à y répondre un peu. Avant ça n’était pas si évident, et pour un jeune diplômé c’est une mission très complexe.

Par contre, je te rejoins sur certains points, qui ne sont d’ailleurs pas réservés aux jeunes diplômés :

Mieux vaut pas de photo qu’une photo de soirée, pixelisée, sur la plage, etc.

Pas de couleur. En fait, pire que la couleur : un candidat qui a un CV avec des fonds de bloc de texte en couleur, un CV sans marge. Le jour où il vient passer un entretien, je lui demande un CV : imprimé en noir et blanc sur une imprimante basique (peu lisible), de travers, avec les marges bouffées. Ça ne change rien au final sur le contenu, mais ça fait très mauvaise impression. Donc si CV couleur il faut l’assumer jusqu’au bout et apporter des versions propres et en couleur.

Pour ce qui est de l’italique et du gras, c’est variable par contre. En fait ça dépend beaucoup des polices. Une police bien choisie peut être mise en italique tout en restant vraiment lisible. Une solution je pense moins risquée (mais avec un résultat un peu identique en terme de gris typographique) est de jouer sur la graisse de la police. Par exemple utiliser une police (ou mieux, une variante de la même famille) un peu plus légère à la place de l’italique peut être sympa tout en étant très lisible. Idem pour le gras, à remplacer par une vrai font bold et non une mise en gras. Par contre, ça demande de connaître un peu de typographie, ce qui est plutôt rare.
D’ailleurs, toujours concernant la police, il est tellement évident de reconnaître un CV / une lettre faite avec LaTeX que c’est pas mal lorsque ça change un peu.

Pour finir (y’aurait encore des choses à dire mais ça commence à devenir long… :) ) le contexte de l’emploi en informatique peut expliquer certains travers. Les SSII aiment justement bien les CV un peu passe partout, les CV qui vont être facilement vendables, avec plein de noms de langages. Et surtout, il est très complexe de spécialiser un CV destiné à une SSII étant donné qu’on n’y rentre pas pour un projet ou un produit particulier, mais pour un poste, typiquement « développeur java ». Dur dur de se vendre lorsque l’annonce ne précise rien de plus. Et finalement c’est un peu pour ce type de poste qu’on apprend à faire un CV dans les écoles.
Je ne compte pas non plus toutes les offres d’emploi qui sont tellement vagues qu’il en devient impossible de savoir de quoi il en retourne, donc impossible de préciser quoi que ce soit au risque de passer à côté.
(Sur ce point j’ai adoré l’offre de Tea, au moins on savait où tu voulais en venir. Ce qui malheureusement est suffisamment rare pour le signaler)