Je peux comprendre qu’il y ait des réticences et en effet le revenu de base tel que promu actuellement à peut-être des défauts, mais en ce qui me concerne c’est de loin, de très très loin même, un système bien meilleur que l’actuel (et rien d’ailleurs n’empêcherait de corriger progressivement ces défauts).

On aborde la questions du chômage comme si elle allait de paire avec le revenu de base, car avec l’époque actuelle, qu’on pourrait appeler « ère post-industrielle », l’emploi se fait rare mais la production ne faiblit pas (cela s’explique par l’invention de machines), une redistribution plus équitable comme celle proposée par le revenu de base s’impose donc. Mais moi c’est surtout la notion de travail libre qu’il me tient de défendre, l’emploi n’est pas la seule forme de travail et je trouve absurde que seule une activité rémunérée soit considérée comme « vrai travail ».

Je suis travailleur volontaire depuis 8 ans, je suis incapable de rester inactif sur une période prolongée, je travaille, j’écris, j’aide mes proches, je bricole… je fais toujours quelque chose, mais presque exclusivement de manière non-rémunérée car je fais partie des « allergiques au travail » (ou plutôt à l’emploi devrait-on dire), j’ai bien tenté de m’épuiser à trouver des emplois mais malgré toute ma volonté, la richesse de mon expérience dans de multiples domaines et mes diplômes, je ne fait que perdre du temps à accumuler les lettres de refus par centaines et me rendre malade.

Alors certes je n’ai pas de situation, je n’ai pas de revenu, personne ne me paye pour ce que je fais, pour autant je doute ne pas d’avoir une utilité au sein de la société. Pire encore je suis accusé de parasitage au prétexte que je suis incapable d’assurer moi même mon revenu et donc je m’appuis forcément sur la société, donc sur les « vrai travailleurs », pour vivre. Mais même cet argument je le conteste fermement, car sur 8 ans de travail libre et volontaire je n’ai touché pour seule aide sociale que 2 mois de RSA, celui-ci n’étant attribué qu’à 25ans, je suis resté sans revenu jusqu’à cet âge et, 2 mois après l’avoir atteint, je me suis expatrié, toujours pour travailler volontairement.

Le revenu de base n’est pas juste une réponse à la situation sociale et économique, il a aussi pour sens profond de reconnaître la valeur du travail libre et de donner aux gens comme moi, qui ne savent pas être employés mais n’en travaillent pas moins pour autant, une rémunération digne et méritée.

Il n’est pas dur de se rendre compte que les exemples de situation similaires à la mienne sont nombreux, car bien des citoyens fournissent un apport vital au bon fonctionnement de la société sans toucher de rémunération: étudiants, bénévoles, programmeurs de logiciels libres, parent au foyer, artistes… Pour quelle raison ces gens là devraient-ils être condamnés à l’exclusion et la misère alors que sans eux, la société serait à n’en pas douter vouée à s’effondrer?