> Qu’est-ce qui vous fait passer en noir et blanc ? pourquoi ? Quelles émotions changent quand vous choi­sis­sez un rendu plutôt que l’autre pour la même photo ?

Tu décris ici ce qui se passe après la prise de vue (basculer une même image en NB ou couleur). Pour moi, à ce stade, ce n’est plus un travail aussi intéressant. L’émotion est ressentie à la prise de vue surtout, et à ce stade je suis déjà dans une humeur « couleur » ou une humeur « noir & blanc ». Le travail du labo va être de reporter cette émotion initiale sur l’image finale, par interprétation du négatif/RAW (enfin ça, c’est la manière classique, et elle est déjà pas mal difficile). A la prise de vue, penser « noir & blanc mais je me garde un RAW des fois que l’image soit mieux en couleur on sait jamais », dénote une absence de choix, donc risque de ne produire qu’une image « molle » et indécise (mais psychologiquement un bel évitement de toute frustration, échec de l’image loupée, etc.) Or photographier c’est faire des choix, de sensibilité, de cadrage, de format, de moment, etc. (et donc prendre certains risques psychologiquement parlant aussi).
Le marketing arrive plutôt bien à nous vendre ce « filet de sécurité » qui fait qu’on pourra toujours revenir en arrière avec le RAW, mais ça, c’est juste pour nous vendre leur matos.

Bref, tout ça pour dire que couleur et noir & blanc sont tout aussi intéressants l’un que l’autre mais qu’il faut les travailler dès la prise de vue, avec l’œil nu, et avoir une intention dès ce moment-là, faire des choix. Le retravail en post-prod’ comme on dit aujourd’hui, bof.

> Qu’est-ce qui vous fait passer en noir et blanc ?
L’émotion à la prise de vue, l’état d’esprit du moment.
> Pourquoi ?
ça ne s’explique pas.
> Quelles émotions changent quand vous choi­sis­sez un rendu plutôt que l’autre pour la même photo ?
J’assimile ça à du rattrapage d’image la plupart du temps. C’est un travail d’interprétation de toute façon. Quant à savoir quelles émotions changent, je m’en fiche un peu, ça fonctionne ou pas.