Quand j’étais collégien, il avait été prévu pour la fête de fin d’année que nous défilions sous l’air du pont de la rivière Kwai déguisés en Marines américains. Mon père a refusé que je participe à cela. Je pense qu’il a eu raison.

Au lycée, après mai 68, un élève a tenté de faire remplacer l’étude des Essais de Montaigne (complètements dépassés !) par des travaux participatifs d’étude de coupures de journaux. Il se proposait d’apporter le Canard Enchaîné. Le professeur a évidemment refusé et l’a écrasé de son mépris comme du mépris pour ce type de journaux. Je pense qu’il a eu raison.

L’école doit être un territoire hors des luttes politiques ou religieuses et même hors des événements publics consacrés exclusivement à l’acquisition des savoirs et de la culture indispensables pour la vie comme pour l’exercice de la citoyenneté. L’organisation d’une minute de silence ne devrait pas y avoir lieu. Les élèves doivent être invités individuellement à s’y rendre hors de l’établissement.

Bien-sûr qu’il y a des événements particulièrement dramatiques et choquants mais il ne faudrait pourtant pas déroger à ce principe. Est-il passé à l’esprit de quiconque d’observer une minute de silence lors du tremblement de terre d’Haïti, du tsunami dans le sud est asiatique ou même à l’occasion d’autres attentats ?