Mmh… J’ai lu les deux billets, et je les trouve complémentaires, plutôt qu’opposés.

Oui, il y a des obligations légales côté employeur. Mais placer le débat à ce niveau fait l’effet d’un coup d’épée dans l’eau. C’est comme mettre une pointeuse parce qu’on a des employés qui comptent leurs minutes. Comme tu le dis, ce sont rarement les meilleurs.

Oui, les employeurs intelligents prennent à cœur de former leurs équipes. Les gars que j’embauche, je prends les temps de les former ; j’investis du temps et de l’argent, avec l’idée que le retour sur investissement soit conséquent et s’ancre dans la durée. Pour cela, il faut mettre en place un certain nombre de choses pour s’assurer que les connaissances soient partagées, que la motivation reste élevée, que de nouveaux horizons (techniques, manageriaux, …) soient révélés.

Mais là où Thomas a profondément raison, c’est que c’est à chacun de nous de faire ce qu’il faut pour amener notre carrière là où nous le voulons. Ce serait trop facile de dire après coup «Si je n’évolue pas, c’est parce que je n’ai pas trouvé d’entreprise qui me fasse évoluer !». Et la réponse n’est pas simplement de changer d’entreprise ; la responsabilité de notre carrière est entre nos mains.

Plusieurs raisons à cela :
– Un employeur choisira − peut-être inconsciemment − de faire évoluer ses équipes dans des directions qui servent l’entreprise à moyen terme. C’est normal. N’espérez pas recevoir une formation sur le développement d’applications Facebook si vous bossez dans un boîte qui ne fait que de l’informatique embarquée.
– Ce qui vous intéresse maintenant n’est pas la même chose que ce qui vous intéressait hier, ni que ce qui vous intéressera demain. Et si vous réfléchissez à ce que vous voulez faire de votre carrière sur le long terme, ce sera encore différent. Comment espérer qu’un patron puisse suivre tout ça ?
– Attention au côté « mercenaire » de l’informaticien qui estime qu’il n’a pas d’effort à faire, mais que son entreprise lui doit tout. Qu’il s’agisse de salaire ou de formation, on peut retrouver les mêmes philosophies. Ça ne fonctionne pas bien longtemps.
– Une formation encadrée par l’entreprise peut apporter beaucoup. Mais ça ne sera réellement bénéfique qu’à partir du moment où l’employé cherchera à faire fructifier cette formation par lui-même. Une formation ne peut pas être consommée passivement.

La différence entre un bon graphiste et un graphiste moyen, c’est que l’un des deux gribouille des croquis sans arrêt, pour améliorer sa technique. Un bon musicien cherchera perpétuellement à améliorer sa technique instrumentale et la qualité de ses compositions, sans se reposer sur ses acquis. Un chef cuisinier passe énormément de temps dans son laboratoire à tenter d’élaborer de nouvelles recettes.
Pourquoi en serait-il autrement pour les développeurs ?

Personnellement, je suis abonné à un grand nombre de flux RSS, et je les consulte sur mon téléphone dans les transports. 35 minutes le matin, autant le soir, c’est nécessaire et suffisant pour mener à bien une veille techno efficace. Je recommande à mes développeurs d’en faire autant, et nous partageons ensemble le fruit de nos veilles. Ne pas le faire serait idiot, peu professionnel, et dangereux sur le long terme.

Je suis désolé pour l’aspect « promo », mais je vais donner quelques liens vers mon blog, où j’ai déjà approfondi ces sujets :
http://www.geek-directeur-technique.com/2010/11/24/faut-il-embaucher-des-geeks
http://www.geek-directeur-technique.com/2009/07/08/la-veille-preparer-votre-futur
http://www.geek-directeur-technique.com/2009/08/31/la-rd-pour-ne-pas-confondre-developpement-et-veille-techno
http://www.geek-directeur-technique.com/2010/06/13/attention-aux-mercenaires