C’est passionnant ! Et avant que tu ne mettes le doigt dessus ce week-end, j’ignorais le principe d’aphantaisie. Je connaissais la prosagnosie (ne être capable de faire le lien entre un visage et une personne) et la synesthésie (association automatique des sens avec les idées), qui ressemblent à des particularités mentales hors norme.
Cependant, en lisant ton billet, il me semble qu’on peut largement nuancer le fossé qu’il pourrait y avoir entre les uns et les autres. On dirait plutôt qu’il y a une palette de nuances entre les processus mémoriels de chacun. Pour faire simple, en bon béotien de la mémoire, je ne crois pas être 100% aphantaisique (quel horrible mot), ni 100% phantaisique (bon bref). Ce n’est pas nécessaire pour moi qu’à l’évocation d’une plage surgissent dans mes pensées une image de plage, cependant je peux l’invoquer si cela est nécessaire, après un effort de concentration. De même, le fait de parler de la Joconde ne m’impose pas une illustration immédiate. La tour Eiffel, si. Monolecte parlait de la colle Cléopâtre, avec de la concentration, je peux me souvenir de la sensation olfactive. En revanche, il en est autrement pour la musique. Je ne crois pas connaître de silence musical dans ma tête, à moins de l’imaginer volontairement. C’est un peu le phénomène « à la volette » (Kaamelot, Livre I tome I), autrement dit, le catchy tune… avec tous les détails, mais je ne m’en pleins pas, à partir du moment où il est possible d’en contrôler le contenu, la plupart du temps.
Il me semble que chacun fait le tri selon les priorités qu’il s’est inconsciemment établies au fil de la vie.