On se gargarise de HTML 5 ou CSS 3, on idéalise Wikipedia et Creative Commons, mais côté web ouvert soyons clairs : Nous reculons, et à marche forcée. Ça devient d’autant plus préoccupant que même les plus geeks ne font plus que des déclarations de principe sur le sujet, sans le soutenir par des actions et réalisations.
En quelques jours DailyMotion abandonne OpenID, Google lance Google+ et TweetDeck abandonne son support pour StatusNet. Même les projets libres ne font plus que le minimum syndical de ce côté là. C’est une tendance de fond, sous prétexte de simplification de l’expérience utilisateur.
Ce n’est pas un problème de geek
Je ne suis pas d’accord avec ceux qui prétendent que c’est un problème de geek. Ces préoccupations sont déjà à l’esprit des utilisateurs « non experts » :
- Suis-je obligé de rester si je ne veux pas perdre mes données, mon adresse ou mes connexions ?
- Puis-je communiquer avec des personnes sur des services tiers ?
- Pourquoi ai-je besoin de gérer 15 identifiants avec des mots de passe différents ?
- C’est quand même gênant que ce site en sache autant sur moi, non ?
- Non, ça ne me plait pas mais bon, je n’ai pas le choix, si ?
Parlez en autour de vous, vous verrez que la plupart des gens ont bien ces problèmes à l’esprit. Certains ont même déjà des expériences douloureuses de changement d’adresse (email du FAI), de communiquer avec des relations qui sont sur deux plateformes différentes et incompatibles, ou de migration de données.
Le tout c’est de ne pas aborder l’angle technique, qui lui effectivement n’intéresse que le geek. Décentralisé ? c’est quoi qu’est-ce ?
Diaspora ? Jabber ? StatusNet ? aucun intérêt
Si rien n’avance, c’est que ce que nous proposons en alternative n’a que peu d’intérêt. En proposant un remplaçant décentralisé à Facebook ou à MSN ce qu’on propose c’est de réaliser maintenant et volontairement l’apocalypse dont on cherche à se protéger pour plus tard : perte des données, de son adresse, de ses relations, et des interactions avec le reste du monde.
C’est même encore moins intéressant puisque les services alternatifs sont souvent moins aboutis et n’auront d’intérêt que si on réussit aussi à faire migrer toutes ses relations (et qu’elles aussi y réussissent), ce qui n’arrivera pas.
Même ceux qui n’ont pas encore de compte, donc pas de donnée ou d’adresse à perdre, n’ont pas vraiment le choix : Ils sont contraints par le choix des autres, sauf à rester seuls dans leur coin.
Autant dire que les gens sensés préfèrent attendre que le pire arrive, quitte à ce que ça revienne au même. Ceux qui migrent le font par idéologie ou par conviction, pas pour des raisons pratiques et pragmatiques.
Gérer son identité
Il nous faut pourtant avancer et pour cela nous avons deux options : Créer le nouveau service ultime qui accueillera tous les utilisateurs, en le faisant « bien » selon nos critères de liberté, de contrôle de son identifiant, de vie privée, etc. ou s’occuper de la brique fondamentale qui nous pose problème : la gestion d’identité.
J’ai besoin d’une brique pour gérer ce qui suit :
- Annoncer et prouver mon identité
- Présenter des informations différentes en fonction de mon interlocuteur
- Accéder aux informations que les autres me partagent
- Déléguer un service à un tiers tout en gardant le contrôle sur mon identifiant
- Avoir un identifiant simple, mémorisable et manipulable par tous
Si j’ai ça ensuite on pourra brancher des services unitaires dessus sans avoir à remplacer Facebook en entier.
Du mieux
Mais surtout, pour que ça fonctionne, il faut présenter mieux que l’existant. Nous devons avoir un plus fonctionnel immédiat à proposer. Cet intérêt ne doit pas être simplement un intérêt technique ou à long terme.
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