Les éditions ONLIT se sont lancées dans l’édition de livres électroniques il y a moins d’un mois. J’apprécie beaucoup l’arrivée de petits éditeurs purs numériques.
Par leur taille de catalogue ils peuvent oser faire des choses. On parle de gens qui font généralement à produire de la qualité sur le texte lui-même mais aussi sur l’offre et le contenant. Je pense par exemple à des offres d’abonnement en téléchargement, des prix adaptés, des contrats respectueux des auteurs, à une volonté de diffusion large sans exigence délirante, et des prises de position tranchées anti-DRM.
ONLIT m’a gentiment donné accès à Mirador, un petit polar d’une centaine de pages de Patrick Delperdange. Afin d’être transparent, ONLIT m’a donné accès après que j’ai signalé que la liberté de ton est essentielle pour moi. On ne peut pas en dire autant partout.
Le texte
Ça commence directement. Il ne faut pas plus de trois pages pour être dans l’histoire. L’air de rien, c’est peut être que je lis trop de pavés dans les genres SFF, mais ça fait longtemps que je n’étais pas dans un livre aussi rapidement et facilement.
Peu de personnages, dont on comprend immédiatement le positionnement, mais une richesse qui fait qu’on explore les ambiguïtés et les interrogations du héros jusqu’au bout.
L’histoire ? On reste du polar dans sa plus simple expression : une intrigue, une enquête qui donne en même temps l’impression de comprendre de mieux en mieux et de moins en moins à chaque page, et un dénouement qui permet d’expliquer tout en surprenant.
Avec cent pages et un style sans détours ni descriptions longues, ça se lit en une traite. Le rythme n’est pas rapide en soi, il est simplement continu et suffisant pour exclure totalement l’idée de faire une pause avant la fin.
Il y a un moment aux deux tiers où j’ai eu un peu d’impatience, avec des ajouts à l’intrigue qui ne faisaient pas avancer. Avec le recul je me dis que c’était peut être juste ce qu’il fallait pour ralentir un peu sans générer l’ennui. Mon seul vrai point moins positif se fait sur le dénouement, sec et légèrement décevant même s’il ne se laisse pas deviner à l’avance. Mais bon, le plaisir de la lecture se juge plus au parcours qu’à la dernière page. J’ai pris du plaisir, et pas qu’un peu, c’est la seule chose que je retiens.
Le maître mot que je retiens le plus dans le style : simple, dans sa connotation positive. Ni rapide ni lent, ni complexe ni simpliste. On se laisse transporter l’air de rien.
Le livre
Le texte est une chose, mais je n’ai pas la prétention d’avoir un avis averti sur le sujet. Je ne suis pas un critique littéraire mais un simple lecteur. Par contre je vais peut-être aller plus loin sur d’autres sujets.
Tout d’abord la longueur. Je la trouve parfaite pour la lecture numérique. C’est assez inhabituel pour un roman papier, mais très agréable ici. Ça se lit le temps d’un trajet en train, ou en quelques trajets quotidiens en bus. J’avais déjà croisé un format similaire – mais un peu plus court – avec Le Waldgänger, mais ce dernier était très sec et haché, plus adapté au smartphone. Ici c’est parfait pour votre liseuse à encre électronique.
Par contre ce format inhabituel impose un devoir : Celui d’informer le lecteur. À 5 € si j’étais tombé sur la fiche du libraire, venant d’un nouvel éditeur numérique je me serai attendu à un roman de taille plus classique. La déception voire l’indignation risque d’être au rendez-vous pour ceux qui ne sont pas passés par une recommandation.
Ce peut être en nombre de pages équivalent papier, ou en temps de lecture, mais la longueur nécessite d’être indiquée sur la fiche du livre et sur l’extrait disponible en ligne.
D’ailleurs, à ce propos, ce sont les 11 premières pages qui sont en lecture libre, soit 10 % du livre. Il ne m’en a pas fallu plus pour m’inciter à ne pas m’arrêter. Ça c’est une sacrément bonne idée. Si je devais être éternel insatisfait j’inciterai à proposer cet extrait aussi au format ePub. Je n’ai aucune envie de lire en PDF, vraiment.
Les détails
Quitte à être un éternel insatisfait je ferai deux demandes supplémentaires sur les détails : La couverture est très agréable en couleurs, mais difficilement lisible une fois passée sur une liseuse noir et blanc. L’encre électronique en niveaux de gris représente encore une grande partie du marché et c’est un point à prendre en compte lors de la conception de la couverture, ça ne l’a pas été suffisamment. Oui, c’est du détail, j’avais prévenu.
Second détail : Il me manque des liens. J’ai un premier lien vers le site de l’auteur en fin du livre. J’apprécie. Sur la page d’après, réservée à l’éditeur, on me recommande quatre autres livres. C’est assez léger pour ne pas faire trop pub, mais c’est aussi très frustrant parce que je n’ai pas de lien vers ces epub. C’est tout de même dommage là aussi. Quitte à faire du détail de détail, une vignette des couvertures pourrait aussi être sympathique.
TL;DR
Sur le texte je n’ai aucune déception. C’est simple et efficace, ça ne se lâche pas, et ça laisse un très bon moment. Longueur et complexité rendent la lecture on ne peut plus adaptée aux usages mobiles du numérique : C’est jackpot.
Sur l’environnement je continue à pousser une recommandation assez générale pour le livre numérique : Il nous faut des indications de longueur, c’est essentiel. Ici ça l’est encore plus à cause du format court et d’un prix qui ne rend pas évidente cette faible longueur.
Je le laisse sur les livres que je recommanderai facilement à ceux qui veulent tenter l’aventure du numérique. S’il n’était pas plus facile de recommander des libres de droits comme les Maurice Leblanc, je crois même que c’est un des titres qui serait en tête de liste.
Message personnel à ONLIT : des comme celui là, vous pouvez m’en envoyer quand vous voulez :-)
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