[Pro] Partir accom­pa­gné

J’ac­com­pagne depuis main­te­nant plus de 6 ans des direc­teurs tech­niques à diffé­rents stades de matu­rité. Pour tous, une partie du rôle c’est de faire prendre du recul : Réflé­chir à la stra­té­gie, à la cible et aux objec­tifs plutôt qu’à la problé­ma­tique court terme du moment.

Cette fois on a parlé de road­map impos­sible à tenir, puis de comment faire évoluer la taille d’équipe en même temps que les recru­te­ments commer­ciaux et de support utili­sa­teur. Tout ça est tota­le­ment légi­time mais l’ap­proche rend diffi­cile de trou­ver une bonne réponse, et encore plus de convaincre un comité de direc­tion.

Après un pas de recul on a parlé des objec­tifs de l’en­tre­prise, de si la taille de l’équipe tech­nique y est une réponse, du choix entre dimen­sion­ner l’équipe de support utili­sa­teur et de celui de dimen­sion­ner l’équipe produit, et des échéances en jeu

Ce qui m’a torturé c’est que je suis moi aussi parfois la tête dans le guidon à regar­der les opéra­tions plutôt que la stra­té­gie. Je me revois même vivre la même problé­ma­tique de dimen­sion­ne­ment sans avoir été capable de prendre le recul que j’ai donné natu­rel­le­ment ici. À l’époque j’étais resté à la réponse « tout ça est un choix d’in­ves­tis­se­ment » sans savoir comment contri­buer à ce choix.

Qu’est-ce qui fait donc que je sois capable de faire prendre du recul aux autres sans toujours être capable de le faire moi-même dans des situa­tions simi­laires ?

Besoin d’un regard exté­rieur

Je peux dire que j’ai fait l’er­reur et que j’ai appris. C’est la version posi­tive).

Je iden­ti­fier des inter­lo­cu­teurs ou des contextes qui m’ont mis en échec et m’ont bloqué la prise de hauteur. C’est la version néga­tive.

Les deux versions sont vraies mais la réponse complète c’est aussi qu’on ne remplace pas un regard exté­rieur. On ne peut pas être à la fois la tête dans les opéra­tions et dans la prise de recul. Il y a besoin, ponc­tuel­le­ment qu’un tiers ouvre la discus­sion sous un angle diffé­rent et nous fasse prendre plus de hauteur.

Certains auront la chance d’avoir un inter­lo­cu­teur interne qui joue ce rôle, qui en a conscience et qui donc l’abor­dera posi­ti­ve­ment. Pour d’autres, on attend parfois qu’ils sachent tout, en étant à la fois dans l’opé­ra­tion­nel et dans le recul, et la rela­tion mana­gé­riale sera plus dans le juge­ment que dans la colla­bo­ra­tion.

Coaching ou mento­rat ?

Vous trou­ve­rez deux caté­go­ries d’ac­com­pa­gnants et vous devrez choi­sir entre mento­rat et coaching.

Le mento­rat est fait par quelqu’un qui vient du même métier, qui a été à votre place par le passé et qui a passé un ou deux paliers de plus. Idéa­le­ment c’est quelqu’un qui a vécu plusieurs expé­riences diffé­rentes, avec des succès et des échecs. De part son expé­rience il pourra analy­ser les problèmes avec vous, prendre du recul et appor­ter du conseil.

Le coach n’a pas cette expé­rience et son rôle va être plus moti­va­tion­nel, émotion­nel et rela­tion­nel. Il est là pour débloquer votre poten­tiel et vos compé­tences humaines. Vous pour­rez parler gestion du temps, rela­tions inter­per­son­nelles, posi­tion­ne­ment hiérar­chique, etc.

N’at­ten­dez pas de formule magique : Le mentor n’aura pas réponse à tout, et parfois il ne pourra que réflé­chir avec vous ou imagi­ner des pistes. Le coach ne peut que vous débloquer mais le déve­lop­pe­ment vien­dra de vous.

Dans les deux cas, le premier critère reste l’af­fi­nité après une ou deux premières conver­sa­tions. Il faut se sentir à l’aise de tout dire sans filtre, et ne pas être en défiance ou en rete­nue sur les réponses.

Finan­ce­ment

J’ai vu des coachs qui m’ont proposé des tarifs à 10 000 € pour 6 ou 7 séances. Plus d’un. J’ai aussi vu d’autres direc­teurs tech­niques qui m’ont regardé avec des yeux énormes pour des devis d’ac­com­pa­gne­ment 4 fois moindres.

Je ne sais pas chif­frer le béné­fice d’une prise de recul. Le coût d’une petite équipe d’in­gé­nieurs de déve­lop­pe­ment infor­ma­tique approche faci­le­ment 6 à 10 000 € la semaine. La renta­bi­lité d’un bon accom­pa­gne­ment fait donc peu de doutes dans tous les cas. Une bonne entre­prise se fera un plai­sir de prendre ça en charge.

Et moi ?

J’ai mis long­temps à comprendre que j’en ai besoin aussi. Je n’ai malheu­reu­se­ment pas eu d’ex­pé­rience interne posi­tive sur ce sujet. En externe je n’ai pas trouvé trouvé chaus­sure à mon pied mais ça vien­dra.


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