Il est temps qu’on réapprenne la démocratie représentative en France.
Le modèle démocratique américain est celui du bipartisme. On a un parti rouge, un parti bleu, et c’est tout ou presque. Le reste ne compte pas. Les primaires permettent de définir le courant qui représentera chaque parti. Chaque élu garde son indépendance mais l’alliance ne fait aucun doute.
Le modèle démocratique nord-européen est celui des coalitions. On a une grande diversité de partis mais qui arrivent à s’allier pour gouverner ensemble malgré leurs divergences. Parfois ces alliances sont très larges mais ils y arrivent à force de compromis et d’alignements d’intérêts.
En France on ne sait pas. On a une diversité importante de partis qui veulent chacun être celui qui décide de tout et qui écrase les autres.
Ça ne fonctionne pas. Ça ne peut pas fonctionner. Au mieux on arrive à la situation des dernières années avec une minorité au pouvoir qui avance sans écouter personne.
La gauche s’entre-déchire. On trace des lignes rouges et on surjoue les différences pour montrer qui on est et passer devant les voisins proches. L’inimitié est cultivée. Ça rend ensuite les vraies alliances impossibles, et incompréhensibles pour les électeurs.
Il faut réapprendre à discuter entre personnes avec des opinions différentes mais des aspirations assez convergentes.
Il ne s’agit pas de taire les différences, il s’agit d’accepter de former un groupe uni qui intègre ces différences, même celles qui nous semblent gênantes.
Caroline De Haas l’exprime parfaitement
On va pas se mentir, la gauche n’est pas parfaite et oui on a des problèmes. […] Mais le 8 juillet je préfère me batailler avec Mélenchon ou Ruffin qu’avec l’extrême droite
Caroline De Haas, Mediapart, Émission spéciale. Contre l’extrême droite, l’indispensable sursaut
Amis de gauche et de centre gauche, arrêtez de faire la fine bouche. C’est plaisant et facile mais nous n’avons pas ce luxe.
Moi aussi j’ai un vrai problème avec la position sur l’Ukraine de LFI et avec la stratégie du spectacle populiste du groupe parlementaire.
Moi aussi j’ai un problème avec l’aile anti-science pro-ésotérisme d’une partie d’EELV.
Moi aussi j’ai un énorme problème avec les trahisons passées du PS et le risque de voir Place Publique finalement refaire une version 2 de LREM.
Certaines lignes me semble fondamentales et moi j’ai je ne me vois pas les franchir. Il y en a d’autres que je n’ai même pas listées ici mais, justement, l’important n’est pas ce qui nous sépare. L’important est dans ce qui nous regroupe.
Je sais que je préfère une alliance très large à gauche que de voir la droite et l’extrême droite gagner les élections. Malgré mes divergences — très fortes — avec la façon d’agir et certaines positions de LFI, je préfère très nettement une alliance avec eux que continuer la destruction sociale mise en œuvre par le centre droit interventionniste de ces dernières années.
Pour reprendre Caroline De Haas, je préfère me battre en interne sur l’Ukraine et le Nucléaire, sur lesquels il y a justement débat à gauche, plutôt que de m’opposer en vain à la casse sociale du centre droit ou la xénophobie de l’extrême droite qui eux ne feront pas débat.
J’irai même plus loin. Je suis convaincu qu’il faut intégrer des déçus du centrisme LREM, ainsi que des centristes historiques comme le groupe LIOT qui a montré qu’il tenait à ses valeurs humanistes.
Vouloir exclure ne nous mènera à rien. Vouloir dominer ne nous mènera à rien.
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