En France nous avons une presse nationale de confiance.
- Le journaliste cite une source ? On peut avoir confiance que cette source existe et que le journaliste l’a effectivement eu en face ;
- Le journaliste écrit un contenu ? On peut avoir confiance qu’il est de bonne foi et qu’il ne fait pas un faux conscient ;
- Le journal publie ? On peut avoir confiance qu’ils pensent que l’information est à la fois crédible et d’utilité publique.
Ça n’a l’air de rien mais c’est énorme. Les faux de la part des journaux eux-même sont très rares et il serait malavisé d’avoir une défiance à cause de ces exceptions.
C’est vrai autant à l’Huma qu’à Valeurs actuelles. C’est même vrai chez les petits indépendants militants.
Mais ça n’implique pas grand chose de plus, et pas forcément une confiance dans les propos eux-même.
La contradiction n’est qu’apparente. D’ailleurs il ne faut pas chercher bien loin pour trouver d’énormes conneries.
C’est le journal et le journaliste qui sont de confiance. Le contenu lui-même ne vaut que pour ce que vaut la source et la bonne compréhension du journaliste.
- Ça ne dit rien de ce qui est écrit sans indication de la source. C’est parfois vraiment sorti du chapeau ou du on-dit ;
- Ça ne dit pas que ce qui est retranscrit traduit exactement ce qui a été formulé, ou que ça correspond à ce que la source a voulu dire, ou que c’est ce qu’il fallait en comprendre dans le contexte ;
- Ça ne dit pas que la source elle même — officielles incluses — a forcément raison, ou n’est pas de mauvaise foi, ou ne se trompe pas, ou n’a pas une vue fortement biaisée, voire n’a pas son propre agenda de communication ;
- Ça ne dit pas que la compréhension qu’en a le journaliste n’est pas fortement incomplète, voire biaisée, que le journaliste a bien fait ses vérifications, ou même qu’il a réellement bien compris de quoi il parle ;
- Ça ne dit pas ce qui a été écarté, ni si le journaliste a prêté une confiance trop importante dans telle ou telle source, surtout quand elle est officielle ou d’autorité ;
- Ça ne dit pas que tout a été dit ou exploré, ni que l’angle de l’article n’a pas été un choix arbitraire au départ.
Non les journalistes ne sont pas aux ordres de X ou de Y. Oui ils sont honnêtes et sérieux. Non ça ne doit pas jeter le filtre critique aux orties.
Ce ne sont que des humains, aussi imparfaits que les autres, dans une machine qu’ils ne contrôlent pas forcément eux-non plus, des contraintes de temps de moyens et de contexte, avec leurs propres biais, leurs propres préjugés, et leur propre compréhension des choses.
Laisser un commentaire