On m’a encore demandé quel serait la prochaine petite révolution. Ça tourne dans ma tête depuis un moment et j’ai ma réponse : la reprise de contrôle.
Je veux reprendre le contrôle de ma vie privée, de mes données, de ce qui est fait avec.
Ça veut dire sortir les données des silos où elles sont
Télécharger mes factures pour y accéder hors du site web de chacun de mes fournisseurs électricité, gaz, internet, téléphone, etc. Télécharger mes relevés bancaires, ceux de mes remboursements de santé, ceux de mes consommations téléphoniques.
Télécharger mes contacts sur Facebook, LinkedIn, Twitter. Inventorier et synchroniser les likes, les favoris, les groupes, les listes, les commentaires.
Il faut que je puisse accéder simplement à ces données, les croiser, créer des usages autour sans que tout se fasse laborieusement à la main.
Cozy Cloud vient de faire l’annonce du lancement de sa V3 et j’y vois un premier pas essentiel dans la bonne direction. L’arrivée du RGPD va probablement aussi bien aider à l’émergence de quelques projets sur la récupération des données.
Ça veut dire protéger mes données
Protéger mes données ça ne veut pas dire mettre un mot de passe compliqué. Ça veut dire ne plus permettre qu’un tiers puisse y accéder sans ma permission. C’est autant de la sécurité que de la vie privée.
Je ne veux pas que Dropbox puisse lire mes fichiers, que Microsoft connaisse le contenu des documents édités en ligne avec mes amis, qu’un employé de Google puisse lire toutes mes archives email depuis 10 ans et qu’il connaisse les détails de ma vie en regardant mon agenda.
Et pourtant je ne crois pas à l’auto-hébergement et au retour à l’informatique locale. Pouvoir accéder à mes données de n’importe où sans jongler à la main avec différentes versions d’un même fichier est un confort que je ne veux pas remettre en cause.
Je veux simplement chiffrer mes données, côté client, sans donner la clef au prestataire.
Certains services le proposent pour les fichiers dans le cloud mais ça reste encore trop rares. Côté email, agenda et collaboration sur des documents en ligne, là c’est le désert ou presque.
Ne me parlez pas de GPG, ça ne répond pas au besoin. Je ne veux pas attendre le jour où mes collaborateurs m’enverront des emails déjà chiffrés. Je doute que ça arrive dans les dix prochaines années. Je veux pouvoir chiffrer de mon côté les emails qu’ils m’envoient en clair, avant même de les écrire sur disque.
Ça veut dire changer le fonctionnement des OS
Je ne veux pas que n’importe quel logiciel sur mon poste puisse interagir avec mes données ou avec le reste du système.
Les OS mobiles sont déjà un peu plus avancés que les autres. Chaque application est isolée et n’a pas accès à tout le disque, à tous les périphériques, encore moins aux autres applications. C’est le début, mais il suffit d’autoriser skype à utiliser le micro pour que l’app soit capable d’espionner silencieusement 24/24. Si ça fonctionne à peu près justement parce qu’on est en silo avec très peu de données communes.
Demain Il y a toute une approche à inverser, où on n’attribue pas des droits à des applications mais où on part des données.
Sérieusement, je ne peux même pas séparer le perso et le pro sans avoir à créer deux comptes utilisateurs séparés sur ma machine.
Je veux pouvoir donner accès au carnet d’adresse mais uniquement aux contacts pro, et pas Pierre ni Nicolas, mais je veux bien donner accès à Julie qui est dans mes contacts persos. En réalité je veux faire plus que séparer pro et perso. Je ne veux pas que l’application en face gère ce filtre, je veux moi choisir quelles données il verra, en amont.
Là on est quasiment au pied de la montagne. Qubes-OS est un des seuls que je vois tenter quelque chose mais ça reste une approche sécurité basée sur une isolation complète de plusieurs environnements, pas une maitrise des données elles-mêmes. Il y a tout à créer.
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