La presse se fait écho des statistiques de contrôle au Pôle Emploi et de la réponse de notre gouvernement. On saura que 14% des contrôlés auront été pris en faute (probablement une incapacité à prouver des recherches suffisantes).
On est très loin du mythe du chômeur majoritairement fraudeur mais 14% ça n’est pas négligeable non plus. Le gouvernement annonce vouloir intensifier les contrôles, multiplier par 5 les effectifs de contrôleurs.
Certains journaux donnent plus de détails et, là, le ridicule se pointe.
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Parlons d’abord chiffres. Sur les 14% de sanctionnés, seuls 40% sont en réalité indemnisés par l’Unedic.
Oui, vous avez bien lu. Une part importante des contrôlés ne recevaient aucune indemnisation d’aucune sorte.
Au final les sanctionnés recevant une indemnisation indue représentent seulement 5,6% des contrôlés. D’un coup le chiffre devient bien moins significatif. Ne trouvez-vous pas ?
Si en plus le ciblage a été fait sur des critères pas trop idiots, ça veut dire que le taux de fraudeurs indemnisés doit commencer à être franchement réduit (surtout quand on a en tête le taux de non-recours aux prestations sociales, un ordre de grandeur supérieur)
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Bref, pas de quoi justifier la multiplication par cinq (!) des contrôles et des contrôleurs qui a été annoncée par le gouvernement.
Faites le calcul : L’indemnisation moyenne est de 1159 euros. La sanction est une radiation de 15 jours, soit donc 580 euros.
Pour chaque personne indemnisée sanctionnée on en contrôle manuellement 20, et on procède à 14 désinscriptions puis réinscriptions. Je ne connais pas le coût d’un contrôle ni celui des désinscriptions et réinscriptions, mais le gain financier net ne doit pas être énorme.
Avec seulement 5% de réussite utile, il est plutôt urgent de travailler à mieux cibler les contrôles plutôt que les augmenter. Là on aurait de la bonne gestion et pas une opération de communication politique.
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D’autant que je ne sais pas vous, mais si j’étais inscrit sans indemnités et que l’État avait l’outrecuidance de me demander des comptes, il n’est pas certain que je jouerais le jeu longtemps.
Même pour ceux qui effectivement n’avaient pas une recherche active suffisante, quel intérêt de les contrôler à part faire une opération de communication sur les chiffres ?
Qu’on en arrive à cibler ces gens là pour un contrôle montre qu’il y a fort à faire au niveau de l’efficacité du ciblage.
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Ou alors…
Ou alors le but était justement de faire une opération de communication, de pouvoir présenter un chiffre de fraudeurs élevé et rejeter socialement la faute sur les chômeurs. Ce serait vraiment malhonnête, vraiment dégueulasse, vraiment…
Le problème c’est qu’à part l’incompétence crasse de toute la chaîne opérationnelle cumulée à celle de toute la chaîne décisionnelle jusqu’au ministre qui a validé la réponse politique à la publication de ce chiffre… je ne vois pas d’autre alternative.
Si j’étais cynique, la malhonnêteté et l’incompétence ne sont pas des éventualités exclusives l’une de l’autre.
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