Rien, en effet, n’exprime mieux la faillite de la gouvernance mondiale que d’avoir abandonné la gestion des conséquences de la crise à ceux qui avaient contribué à en créer les conditions par une politique monétaire systématiquement biaisée en faveur de l’injection de monnaie.
« Apprentis sorciers », les dirigeants des principales banques centrales, à commencer par la Réserve fédérale des États-Unis, apparaissent surtout comme des pompiers pyromanes. Leur réponse à la crise d’un modèle de croissance fondé sur l’endettement exponentiel des principaux agents économiques, publics et privés, aura été de doubler ou tripler la mise, les prétendus « gardiens de la monnaie » transformant en quelques années les bilans de leurs vénérables institutions en gigantesques fonds spéculatifs, gorgés d’actifs de qualité souvent douteuse (voir graphique ci-dessous). De 2007 à 2017, les actifs des banques centrales des pays du G7 ont bondi de 3 000 à près de 15 000 milliards de dollars. « La dimension de la bulle créée par la politique de taux d’intérêts négatifs et d’assouplissement quantitatif a conduit Bill Gross à comparer la situation financière actuelle à l’émergence d’une supernova, l’explosion massive qui se produit à la fin du cycle de vie d’une étoile », écrivent les auteurs.
Toutefois, la dette n’est que virtuelle, de même que la valorisation des actifs. Tout ça n’est que du papier.
Notre société est riche. Riche en compétence, en savoir faire, mais aussi en production et en ressources.
La dette, finalement, c’est surtout une préoccupation par peur de faire éclater le système en cours. Par quoi le remplacerait-on ? Qui y gagnerait ? Il est certain que les plus riches et ceux qui maîtrisent actuellement la gouvernance ont tout à y perdre. Il est évident que la transition vers autre chose se fera dans la douleur pour tous, et peut-être encore plus pour les plus faibles.
On peut tenter d’y réfléchir, ou attendre d’être au pied du mur.
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