Inévitablement, ces mesures pèsent lourd sur le budget des personnes concernées, dont beaucoup ont découvert avec effarement leur avis d’imposition cette année. Pour elles, c’est une double injustice : non seulement le montant des impôts augmente, mais en plus il augmente de façon démesurée, du fait de l’existence de paliers en fonction des revenus. En augmentant son revenu fiscal de référence de quelques dizaines d’euros seulement, on risque de passer le palier supérieur, et de payer – énormément – plus d’impôts. Si notre système d’imposition était plus juste et proportionnel, de telles situations ne risqueraient pas d’arriver.
Oui, mais non. Qu’un journaliste dans un article fiscal colporte encore ce genre d’idiotie, c’est inexcusable.
Le taux d’impôt sur le revenu (c’est de lui dont on parle) est en France un taux marginal. Il change effectivement par paliers, mais seul ce qui dépasse du palier est imposé au taux supérieur. L’imposition sur le revenu *est* progressive.
Imaginons que vous ayez 11 991 € imposables annuels. Vos premiers 6 011 € sont exonérés, et le reste est à un taux faible de 5,5 %. Vous gagnez 10 € de plus, vous passez effectivement au taux marginal de 10 %… mais uniquement pour les 10 € qui dépassent du palier précédent. En gros le passage de 10 € au dessus du palier vous ajoute une imposition de (roulement de tambour) 1 €.
Yann a tracé de jolies courbes pour le taux moyen réel (et donc pas le taux marginal, qui ne veut pas dire grand chose). Le résultat n’est effectivement pas une ligne droite, mais on n’en est franchement pas si loin.
Ces histoires de 10 € qui font exploser la fiche d’imposition sur le revenu, c’est de la légende urbaine. Maintenant vous savez quelle crédibilité accorder à la presse quand elle se plaint de la fiscalité.
Pour être complet – et l’article le dit ensuite – d’autres effets d’ajoutent pour creuser un peu les courbes et s’éloigner un peu de la droite lors des passages de palier, mais c’est hors de la fiche d’imposition qui elle est assez progressive. Il s’agit des réductions, exonérations et tarifs sociaux qui dépendent du taux d’imposition. Mis à part le passage du « non soumis à l’impôt sur le revenu » à « soumis à l’impôt sur le revenu » qui peut être difficile, le reste est généralement lissé justement pour éviter un maximum les effets de seuils.
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