L’UMP, via Jean François Copé, propose d’imposer un serment d’allégeance aux armes à tous les jeunes et aux demandeurs de la nationalité française.
Je ne peux croire que ces gens, intelligents et souvent brillants, puissent un seul instant envisager sérieusement la chose autrement que dans une simple démagogie de période électorale.
« les jeunes »
On demande aux jeunes en âge (je suppose à la majorité) de s’engager à prêter ce serment. Quel sens a donc un serment imposé ou obtenu par la pression sociale ? comment pense-t-on que les gens vont se l’approprier dans ce cas ?
D’autant qu’outre l’idée d’un patriotisme exacerbé gouverné par la peur de l’autre et le conflit armé qui m’agace au plus haut point, ce serait un formidable retour en arrière. Depuis longtemps on a accepté le principe de l’objection de conscience, que se battre n’est pas l’unique façon de servir son pays.
Même dans le pire des cas, suite à une guerre généralisée où on instaurerait un enrôlement par la force généralisé au niveau législatif, le droit d’y aller malgré nous et à reculons me paraît essentiel. De toutes façons si on parle d’obligation légale, la déclaration de serment n’a plus vraiment d’importance.
Encore mieux, que fait-t-on s’ils refusent ? On leur refuse la majorité ou on les rend apatrides ? J’espérais qu’on avait dépassé ce stade où l’appartenance est liée au sang versé et pas à l’attachement à des valeurs, à des lois, ou à la participation à la cité, à ce qui fait de nous un citoyen.
Le seul fait qu’on cible « les jeunes » et pas « les citoyens » ou « les français » est de toutes façons problématique. C’est très significatif d’une posture politique ou d’une idéologie plutôt qu’un réel enjeu de pacte social. Le fait de considérer ces gens comme des citoyens ou des citoyens en devenir plutôt que comme des « jeunes », ça permettrait peut être justement de renforcer leur appartenance à la nation, mais ça demande de faire changer les hommes politiques, et ça c’est un combat de tous les jours.
Les naturalisés
Considérant donc qu’imposer un tel serment aux natifs serait sans utilité et probablement simplement impossible, quelle pertinence il y aurait-il à l’imposer aux demandeurs de la nationalité ? Pour reprendre une phrase de l’article en l’inversant : Ce devrait être un honneur d’accueillir des ressortissants étrangers dans notre nation, au lieu de ça nous les stigmatisons et nous ajoutons de la défiance et des contraintes.
Pourquoi faudrait-il que ces derniers aient moins de droits ou plus d’obligations que les natifs ? Ce n’est pas ma conception de la nationalité et je ne souhaite pas avoir des grades ou des niveaux de français.
C’est de plus encore une fois bien mal comprendre le changement de nationalité. Devenir français n’impose pas forcément, et ne doit pas imposer, de cracher ou renier son ancien pays. Si les deux entrent en guerre, que vaut ce serment ? Que faire s’il a du aussi faire le même dans son ancien pays ? Si on accepte qu’il doive et puisse renier son serment précédent que vaut alors celui qu’on demande à notre tour ?
Ça sent à moitié la défiance face à l’étranger et à l’immigré, avec un saupoudrage sur « les jeunes » qui ne coûte pas cher histoire de ne pas montrer trop clairement qu’on cible encore les étrangers. La peur de l’autre est décidément un marché porteur.
Une vision de la politique, et de la nation
Ma vision de la nation est celle d’un peuple qui construit ensemble, pas celle de l’opposition face à l’étranger, avec arme au poing et serment d’allégeance. Je trouve détestable cette façon de faire de la politique avec des jeux d’annonces qu’on sait impossibles mais surtout faits pour monter les gens les uns contre les autres.
D’ailleurs, et c’est peut être ce qui montre le mieux qu’il s’agit de déclarations dangereuses et pas d’un projet sérieux, on ne trouve aucun texte écrit sur cette idée sur les sites de l’UMP ou de Jean François Copé. Le contenu a été transmis aux journalistes, mais sous une forme qui permette plus tard de s’en détacher, de la nier, ou de contester les interprétations.
J’accepte d’être traité de naïf idéaliste, mais je suis convaincu qu’il est possible et souhaitable d’agir autrement. Peut être que là nous aurions un vrai sentiment d’attachement entre les français, leur nation, leurs institutions, et du coup aussi les corps nécessaires à cette nation comme l’armée ou la police.
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