Pour l’instant je suis dans une position d’observateur. Je ne sais pas ce que ça va donner, comment. Je retiens bien d’émettre un quelconque jugement tranché.
En fait, s’il y a une chose de certaine, c’est justement que je ne sais pas. On avance en plein brouillard, Amazon comme les autres. C’est juste cohérent dans la stratégie d’Amazon via la masse d’auto-édition et de maîtrise de toute la chaîne de diffusion.
Si je suis observateur c’est que j’ai quand même quelques effets positifs à vérifier :
Le premier c’est l’effet de découverte. L’illimité c’est faire sauter les freins à la lecture d’un livre hors cadre. On peut essayer, sans crainte, et au pire ça ne plait pas et on passe à un autre. Et pourquoi pas même loucher sur de la poésie qu’on n’aurait jamais acheté sur une heure de temps libre ? Ça peut diminuer l’effet best-seller qu’on achète pour s’assurer une lecture standard mais qui décevra rarement complètement. Ça peut.
Le second est sur le financier. Les services semblent viser le 10 € par mois. C’est beaucoup, plus que la plupart des lecteurs n’investissent, y compris des grands lecteurs. Certes il y a des lecteurs qui se contenteront des 10 € par mois et qui actuellement mettent un peu plus. Ils ne sont pas légion. Mais ça peut aussi inciter des gens à suivre ces 10 € dans la durée, à les engager. C’est l’effet habituel des abonnements, généralement très rentables pour les vendeurs. Et ça peut aussi tenter des gens qui mettent actuellement moins que ça en une année, à sauter le pas parce qu’ils en auront pour leur argent. Bref, ça peut tout à fait rémunérer la chaîne éditoriale plus qu’elle ne l’est actuellement. Ça peut.
Même si les gens ne payent pas plus par an, ils pourront lire plus, sans que ça ne soit au détriment des auteurs (vu que la rémunération est la même). Sauf que lire plus ça se fait forcément à l’avantage des plus petits auteurs, des indépendants. Une fois qu’on a lu le best-seller, ce sont les autres qu’on va lire. Si la rémunération globale est la même, on va l’étendre sur plus de monde, rémunérer un peu plus les petits auteurs et un peu moins les best-seller. Je vois cette possibilité comme positive.
Ça peut aussi relancer la lecture parmi les autres loisirs. On fait sauter des barrières que sont le déplacement en boutique (physique ou en ligne), la barrière de l’achat (Amazon l’a déjà partiellement faite sauter en enregistrant la CB dans le compte client), et le « c’est cher quand même ». Ça peut.
Inversement il y a deux arguments que je n’achète pas, ce sont ceux de la comparaison avec la musique et de la rémunération par lecture. La musique a un usage tout à fait différent du livre. Le modèle commercial ne peut pas s’y transposer directement. Quant à la rémunération par lecture, elle est un non-objectif. L’important est combien les auteurs et éditeurs récupèrent, en valeur absolue. Imaginons que les gens se mettent à lire plus en dépensant autant, la rémunération par lecture diminue mais la rémunération absolue reste la même. Personne n’y perd. Si.
Bref, ça peut, si. Je n’en sais juste rien. Mais il reste des opportunités.
Photo d’entête sous licence CC BY-NC-ND par Paul Liberwirth
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