@Éric >

Par nature, l’élection attire la convoitise de ceux qui veulent le pouvoir. Le tirage au sort, à l’opposé, désigne des personnes qui n’ont pas nécessairement rêver du pouvoir pour le pouvoir.

Quand tu décris les hommes et femmes qui se présentent à nos suffrages, en indiquant que « cela demande une préparation, une formation, une envie d’y investir plusieurs années à plein temps, un accord pour devenir une personnalité publique avec tous les effets négatifs, etc. « , tu entérines un fonctionnement avec des professionnels de la politique. Dans ce cadre là, en effet, c’est l’élection qui est le mode de désignation privilégié.

Le tirage au sort tord le cou à l’idée reçue selon laquelle il faudrait que nos représentants soient des professionnels. La démocratie, ce n’est pas la représentativité professionnelle. D’ailleurs, on peut aisément constater que le Parlement est tout sauf représentatif (homme, blanc, de plus de 50 ans, fonctionnaire ou avocat : est-ce représentatif de la population française ?)

La démocratie réelle suppose la participation du Peuple : le pouvoir du Peuple, par le Peuple, pour le Peuple. A défaut, on ne doit pas appeler cela démocratie. C’est un système que l’on peut concevoir, avec délégation du pourvoir par mandat, mais à qui on doit donner le nom qui convient : oligarchie (le pouvoir de quelques uns) ou aristocratie (le pouvoir des meilleurs, des « élus »).

Je n’oppose pas élection et tirage au sort, mais élection et démocratie. Si l’on fonctionne par élection, ce n’est pas la démocratie. Chouard appelle cela le « gouvernement représentatif ».

D’ailleurs, le système en vigueur ne se soucie pas de respecter la contrainte de séparation des pouvoirs. Le législatif est à la botte de l’exécutif (le régime des partis imposant le suivisme pour obtenir la fameuse investiture), le judiciaire aussi. Comme je le disais sur mon premier commentaire, là encore il y a usurpation des mots : l’exécutif devrait exécuter les décisions, pas les prendre.

Le tirage au sort est le seul système de désignation permettant la démocratie réelle. Tu as raison, au temps d’Athènes, seuls quelques privilégiées étaient concernés. Ce n’est donc pas de cela dont il s’agit.

Il s’agit de désigner des citoyens pour une période courte, pour un mandat clair (par exemple, un sujet donné), au bout duquel ils devront soumettre un projet argumenté aux autres citoyens. La rotation des charges est une condition essentielle à la démocratie, et s’oppose en cela à la professionnalisation.

Il n’est pas question de détailler ici, en commentaire de ton billet, ce que pourrait donner un système basé sur le tirage au sort. Toutefois, il serait probablement très différent d’une autre, et mériterait davantage d’être nommé démocratie. C’est cela que je voulais mettre en exergue.

En guise de lecture, je te conseille ce billet de Guillaume Castevert sur son blog, intitulé « Sommes-nous en démocratie ? » et dans lequel il évoque d’ailleurs le Vote de Valeur (pour ramener au thème initial de ton billet) : http://blog.guillaumecastevert.net/post/21270798986/sommes-nous-en-democratie