Je me demande si cette décision n’est pas contre-productive à long terme.

Elle impose, en quelque sorte, une notion purement dérivée de la forme physique d’un bien : l’occasion. Si on peut vendre d’occasion, c’est que d’une part les biens sont rivaux (j’en perds véritablement l’usage), et d’autre part les biens perdent en valeur dans le temps (ils sont utilisés, ils finissent par s’abîmer).

Rien de cela avec le numérique, et c’est justement son essence même : la copie est identique, ne coûte presque rien, et il y a assez peu de raisons de supprimer sa propre copie si je l’ai partagé avec quelqu’un d’autre.

Pourquoi ne pourrais-je plus jouer à un jeu vidéo après l’avoir partagé avec quelqu’un ? ça ne coûte rien à l’éditeur que je décide de conserver ma copie (et me demander d’en racheter une pour moi-même me semble être vraiment artificiel comme fonctionnement économique).

Et dans le cas du jeu vidéo, par exemple, ce qui va coûter des sous à l’éditeur ou à la plateforme de distribution, c’est le téléchargement des mises à jour (bande passante), et les serveurs pour les modes de jeu en ligne s’il y en a. La seule chose qui pourrait donc être limitée serait cela. Si je « revends » ma copie, ça ne m’empêche pas d’y jouer en solo, mais je ne peux plus me connecter en ligne. Ca me semblerait être en accord avec l’apport du numérique.

Dans le cas des livres, des musiques, des films, il y a peut-être des éléments semblables, peut-être pas. Mais tout ce qui tourne autour de la notion d’un bien unique, qui quand il est partagé doit être perdu, me semble être une grosse erreur, autant quand cela ne va pas dans notre sens (DRM) que quand cela semble être en faveur des consommateurs (cette décision de justice).