En fait, l’article que tu linkes tourne autour de « est-ce que des hommes cis-genre peuvent critiquer les formes que prennent les mouvements féministes et sans se faire rembarrer ? » Et non, milles fois non.
S’ils sont d’accord sur le fond mais que leur seule pierre à l’édifice est de critiquer la forme, on a tout⋅e⋅s mille fois mieux à faire que de les écouter.

S’ils ont une idée de comment faire du féminisme « mieux », qu’ils le fassent, mais si leur « féminisme » consiste uniquement à reprendre des femmes sur la façon dont elles agissent, comment dire..
À noter qu’on ne pourra pas remettre en cause l’état des choses sans avoir un discours « dérangeant », dé-ranger c’est changer l’ordre établi, cette petite gène à se remettre en cause est un passage obligé.

Mon expérience avec des gens dérangés par des textes ou des actions féministes, mais qui sont d’accord sur les principes : ils ont tendance à dire qu’ils ont un problème avec la forme, que sous une autre forme ils seraient d’accord, et que là comme ça ça dessert à la cause.
Quand tu creuses un peu, tu t’aperçois que le texte ou l’action remet en cause des choses auxquelles ils ne s’attendaient pas. Quand ils ont digéré et que tu leurs présentes le même contenu ou type de contenu ça passe tout seul, l’idée ne les bouscule plus et la forme n’a plus vraiment d’importance.

Le féminisme touche sur certains points à des éléments très profonds et très ancrés, l’identité sexuée, la sexualité, la famille, des enfants, certaines visions politiques… Dans certains débats on examine des actions anodines du quotidien et on leur donne une portée politique. Ça peut être violent intérieurement. Parfois si tu soulignes calmement un détail, tu te retrouves embarqué⋅e dans une discussion de plusieurs heures comme si tu avais giflé quelqu’un sans raison.
C’est pour ça que je me suis armée d’une foule de bouquins, d’études statistiques, d’anecdotes réelles et de quelques tournures de phrase pour pouvoir désamorcer les discussions où mes interlocuteurs prennent les choses de façon trop personnelle.

Donc bon, je n’aime pas l’article que tu linkes, et je vais finir mon long pavé sur ce que je lis dans ton billet à toi : est-ce qu’en tant qu’homme ont a le droit d’avoir un avis et de s’exprimer sur les questions féministes, et là pour moi la réponse est oui. En tant qu’homme c’est pas facile, oui mais en tant que femme non plus, on a tout⋅e⋅s pris quelques remarques bien désagréables dans les dents. Sous quelle forme / avec quelle légitimité / etc., c’est à toi et aux autres hommes cis-genre de trouver. Le meilleur moyen c’est probablement de lire et de pratiquer, pas en critiquant la forme de ce qui a déjà été écrit ou fait mais en faisant avancer le fond.