La notion d’occasion est normalement associée d’une part à l’arrêt d’une utilisation par le premier acquéreur, d’autre part à deux attentes acceptées de la part de l’acquéreur : une durabilité moindre et un état qui peut être moins flambant que le neuf.
Le numérique, c’est toujours aussi neuf qu’au premier jour, on élimine donc ce point.
L’arrêt de l’utilisation par le vendeur, on l’imagine pour un logiciel qui s’utilise comme un outil (on passe à une autre version), c’est plus difficile pour un contenu qui s’écoute, se regarde ou se lit.
Quant à la moindre durabilité : son format peut devenir caduque mais ça ne s’use pas.
Tout ça me semble quand même relever d’un report aveugle d’une manière de penser l’usage et les droits d’auteurs calquée sur un objet, alors que le numérique demande un autre paradigme : c’est potentiellement duplicable et transmissible à volonté.
La phrase « You buy it, and you own it. You should be able to sell it » est de la pure rhétorique : c’est quoi « it » ? un objet statique dans la tête des créateurs de la loi, pas un flux ou une information duplicable par n’importe qui.
Il y a décidément quelque chose qui cloche au royaume des droits d’auteur dans le monde numérique. Pourquoi donc vouloir faire un marché d’occasion du numérique à part pour engraisser encore et toujours des intermédiaires, voire provoquer un marché noir de petit débit ?
Que recherche le vendeur d’une occasion, normalement ? Rentrer un peu dans ses frais en se séparant de ce dont il n’a plus l’usage. Or le numérique permet de substantielles économies, pourquoi ne pas faire payer moins cher tout simplement et oublier cette bizarrerie de l’occasion ?