Je ne me lasse jamais des portraits serrés. On me dit que la règle est de ne jamais couper le menton mais je persiste à vouloir cet effet. Ai-je tort ?
Mes rendus ne ressemblent pas à ce qui sort du boitier. Je m’autorise à retravailler mes photos comme une matière première.
Je peux prendre une photo, corriger une mèche de cheveux, changer totalement le cadrage et même recréer une partie de décor inexistante dans la photo d’origine pour ajouter un peu d’air sur le côté. Ma seule limite est de ne pas trahir la modèle, qui elle est.
Parfois j’ai envie de retourner le sens de lecture d’une photo, comme dans un miroir. Sauf à y faire attention, même les proches ne remarquent généralement pas ces retournements.
Je garde pourtant une gêne à chaque fois que je revois ces photos. J’ai beau me dire que c’est « parce que je sais », je garde rarement ces images dans ma sélection. Celle-ci est peut être une exception.
Parfois les tiers ressentent aussi cette même gêne une fois que je leur révèle la tricherie, même s’ils le connaissaient pas la modèle au départ. Je trouve la question diablement intéressante. Qu’en est-il pour vous ?
Sans comparer avec une autre de la même série, sauriez-vous même dire si j’ai effectivement retourné cette photo ou si j’ai bluffé pour l’exercice ?
J’ai l’impression d’employer des grands mots mais quelque part j’aime bien la rencontre et la confiance qui se pose lors des séances. On se retrouve souvent à discuter en se livrant un peu plus que d’ordinaire. Même quand nous nous connaissions avant, les sujets sont plus personnels ensuite, plus ouverts.